Piégé a généralement une critique mitigé. C’est vrai que l’on est peut-être pas dans un grand film, mais je trouve que sa tonalité le rend tout à fait digeste, et le tire du produit quelconque et attendu.
Coté casting Jamie Foxx est inégal. Après une première partie où il a un peu de mal à trouver ses repères, il devient déjà nettement meilleur quand son personnage gagne en épaisseur, et lui permet dans la seconde partie de révéler ses qualités d’interprètes. A ses cotés un second rôle bien connu, David Morse, qui trimballe sa trogne dans ce métrage avec un plaisir évident. Il en rajoute un peu dans la caricature, un soupçon, mais trouve un bon équilibre qui ne le fait jamais virer au ridicule. Le film s’appuie sinon sur une solide pléiade de seconds rôles de qualité, de Kimberly Elise à David Paymer. Doug Hutchison est un méchant froid et convaincant, mais peut-être un soupçon pas assez charismatique.
Le scénario est bien mené. L’histoire est agréable, l’intrigue simple mais bien conduite, et le film ajoute une touche d’humour très efficace, qui doit beaucoup aux acteurs. Cela m’a assez surpris d’ailleurs, je ne m’attendais pas à cela, mais c’est très réussi, et cela remonte une histoire un peu passe partout. D’autant que, et contrairement à Fair Game que j’ai critiqué récemment, Piégé alterne de belle manière ces moments drôles et les moments graves. C’est d’ailleurs une aisance assez surprenante. Bon après il y a toujours quelques incohérences et invraisemblances, d’autant que l’histoire se prêtait à cela, mais cela ne se remarque pas trop.
La réalisation est propre. Fuqua se permet quelques effets de style un peu gadget (notamment une discussion entre Elise et Foxx filmée assez bizarrement), et l’ouverture n’est pas très concluante, mais globalement, pour le reste du film, on trouve une belle sobriété de style, allié à une caméra fluide et dynamique. On sent aussi tout l’attachement du réalisateur pour les ambiances urbaines, et il livre des plans de villes en nocturne sublimes. La photographie est déjà plus travaillée, plus « chic », il faut le dire. Là encore l’ouverture très « bleue » ne mettra pas dans de très bonne disposition, mais ensuite Piégé gagne clairement en consistance de ce côté-là, avec un travail soigné. Les décors font la part belle à l’urbain, à cette urbanité minérale bien mise en valeur par Fuqua. Sinon il y a quelques scènes d’action de belle tenue, mais le film ne se concentre pas tellement là-dessus. Enfin la bande son est typique des films de Fuqua, avec bien sûr du rap et de la musique urbaine, mais sans outrance, ce qui devrait satisfaire même ceux qui n’aiment pas trop cela.
Au final Piégé est un film bien agréable à regarder. Il est un peu simple c’est vrai, et l’on ne tient pas ici le Fuqua de Training Day au niveau de la réalisation, mais, et malgré cela et quelques autres maladresses, le film est convaincant. Pour ma part j’ai bien apprécié, et je le conseille sans problème. 3.5.