Le réalisateur a eu l’idée d’Écoliers suite à une confidence de sa fille, atteinte d’une leucémie, qui lui a révélé que sa plus grande souffrance avait été son absence prolongée de l’école : « Qu’y a-t-il, là, dans ce rapport à l’école, qui m’échappait ? Comment pouvait-elle en faire un enjeu à ce point crucial ? C’est pour répondre à ces questions que j’ai voulu faire Écoliers. Pour comprendre. Pour voir et donner à voir ce monde qui nous est étranger : une classe de primaire. La maladie a remis l’école à sa place, c’est-à-dire la priorité des priorités pour un enfant ».
Le film a été tourné à l’école Victor-Lesage, à Caen, pendant l’année scolaire de 2016-2017, à raison de deux jours par semaine. Bruno Romy était seul avec sa caméra. Au final, il a réuni 250 heures de rushes, qui ont nécessité deux ans de montage.
Bruno Romy revient sur le but de son film : « J’ai cherché à réunir une matière filmique, pleine de suspens, de surprises et de poésie qui échappent d’habitude complètement au regard des parents. Je cherche bien sûr, des choses rares, des choses que l’on n’a pas vues ailleurs. Ces 24 écoliers sont les héros du film. Je guette leur intériorité, leurs réactions, leurs doutes, leurs rires, leur imaginaire... tous les petits «miracles» heureux ou parfois douloureux qui échappent justement à la pédagogie, à l’enseignement ».
Outre les 24 élèves de la classe, le film suit aussi Bruno Franc, leur professeur. Sa pédagogie s’inspire de la « méthode Freinet », dont l’essence est de donner une plus grande liberté aux enfants. C’était un défi pour le réalisateur de montrer son rôle majeur sans en faire le personnage principal : « J’ai choisi d’en faire une présence tutélaire, à la fois présente et discrète. J’ai découvert un pédagogue qui laisse beaucoup d’autonomie aux enfants, mais avec un regard et une écoute permanents ».