Une excellente surprise, le film a su créer un monde post-apocalyptique appelé nouveau moyen-âge, extrêmement convaincant dans ses décors, ses costumes, sa culture.
Je suis étonné par le soin du détail : aucun objet, aucun trait, ne rappelle notre monde, on est réellement transportés dans un monde parallèle qu'on croit réel, et c'est ce que je demande au cinéma. Il est très rare qu'un film de SF y parvienne à ce point, cela marche très bien.
Je ne vois pas du tout le petit budget à l'écran, je trouve le film plus détaillé et fouillé, visuellement beaucoup plus réussi que des films d'action dits de "SF" à gros budget.
Ici, il s'agit d'un vrai film de SF, développé aussi sous la forme de film initiatique.
Le thème central reste celui de la science, Le seul fait que le film place la botanique et le vivant comme ses sujets centraux est extrêmement original et visuellement très beau. Je n'avais jamais vu une nature filmée en gros plan comme ça au cinéma : des végétaux étranges et imaginaires, une autre botanique...c'est foisonnant.
Plusieurs grands thèmes SF sont abordés :
- Un thème politique classique de SF est là : celui de la fragmentation nette de l'humanité, le totalitarisme : les riches vivent dans des cités volantes et futuristes, technologiques et asservissent, réduisent en un esclavage brutal et répressif les survivants de la Terre, qui vivent comme au moyen-âge. Seul choix de l'humanité pour le contrôle des ressources après l'effondrement ?
- Celui du thème OGM des végétaux et du contrôle et de la privatisation des semences, la question éthique que cela pose
- La fin des ressources, l'effondrement : nous est montrée la survie dans l'après, ce à quoi mène notre modèle actuel : un monde post-apocalyptique où règne la pauvreté, et de ce fait la loi du plus fort et la violence pour la survie
- La notion d'humanité: les "jugs" sont considérés comme des humains artificiels et non vraiment humains, sans âme. Pourtant, Camellia vient remettre en cause cette notion. Qu'est-ce que l'humanité et la pensée humaine ?
- La contestation sociale et la remise en cause de l'ordre établi, un autre avenir : incarnée par l’époustouflante jeune héroïne Vesper, qui veut débloquer les semences OGM et la tyrannie des citadelles, et en même temps combattre la violence grâce à sa débrouillardise, son cœur pur, son innocence, son intelligence, son courage...elle incarne l'espoir de ce monde, en même qu'il s'agit d'une métaphore de passage à l'âge adulte marqué par la disparition du père, qui amène le spectateur jeune ou moins jeune, à s'identifier et à choisir la voie de ses convictions, du bien, à questionner le monde, à agir, et à trouver sa place dans le monde.