Il est plus qu'étonnant que "Vesper Chronicles" n'ait pas eu plus de retentissement et n'ait pas reçu une pluie de récompense à sa sortie. Car, il est difficile de ne pas s'extasier la qualité des dialogues, du jeu des comédiens, ainsi que sur les aspects innovants du film. Certes, le concept de la terre devenue stérile dans un futur apocalyptique n'est pas nouveau. Cependant, le tissage scénaristique autour des causes, des enjeux , et des conséquences de cette stérilité est inédit. Le fait d'imaginer l'existence d'élites, qui grâce à leur science, orienteraient l'agronomie mondiale, et la génétique humaine de façon à assurer leur propre prospérité, l'exploitation, et la survie contrôlée des masses paysannes, est le fruit d'une belle réflexion sur les enjeux écologiques et géopolitiques contemporains. Visuellement aussi, on peut parler d'innovation. Quand bien même l'association moyen-âge et futurisme avait déjà été tentée à l'écran. Les deux réalisateurs, Kristina Buyozyte et Bruno Samper pousse la chose très loin, mais sans ostentation. L'accoutrement, les mœurs, la brutalité, le mysticisme (des pèlerins), propres au Moyen-Âge, ne sont jamais en rupture, avec le haut niveau scientifique du monde nouveau incarné par Vesper, son oncle, ceux de la "Citadelle", ou encore les "jugs", incarnés par des acteurs atteints de vrais désordres génétiques. Le film est tellement riche, que presque chaque élément de l'intrigue peut faire l'objet d'une suite: la capture de Camélia, l'entreprise architecturale des Pèlerins, les trouvailles génétiques de Vesper, entre autres. Bref, on attend la suite, avec impatience. Non sans une certaine appréhension, toutefois. Cette suite, paraît-il n'inclurait pas Kristina Buyozyte. Or, l'association du Français avec sa collègue Lituanienne avait donné un résultat si puissant, qu'on se disait qu'il serait contre-productif de changer une équipe qui gagne à ce point. Prions le rabibochage imminent.