Il est évidemment de plus en plus difficile de faire preuve d’originalité en termes de SF. Pour preuve, « Vesper » reprend à sa sauce des éléments piochés à droite et à gauche. Le futur post-apocalyptique où l’humanité vit affamée et à genou, face à une caste isolée dans des tours d’ivoire, fait furieusement songer à « Zardoz » et moult autres œuvres. La technologie à l’aspect organique semble dérivée d’un body-horror à la Cronenberg. Tandis que les animaux & humains artificiels font fortement écho à « Blade Runner ».
Mais ce qui différencie « Vesper » d’une copie sans âme, c’est d’abord une certaine ambition. Cette production franco-belgo-lituanienne (!), tournée en anglais, n’avait que 5 millions d’euros de budget, et a pourtant réussi à pondre un univers convaincant. Pour ce faire, le tournage a été réalisé sans fond vert, dans de vrais décors en Lituanie. Les divers drones et créatures étant ajoutés numériquement.
La contrepartie, c’est que le film tourne un peu en rond dans ses lieux, et que l’intrigue est longuette pour un ensemble de 1h50. L’avantage, c’est que cela permet d’exprimer une certaine créativité, autre qualité bienvenue du film. En effet, « Vesper » se déroule dans un monde où des virus et organismes mutants ont ravagé la Terre. Ainsi, la végétation fourmille de petits organismes étranges, tantôt jolis, tantôt dangereux. Et il y a des idées franchement bonnes à ce niveau, on est très loin d’une forêt stérile comme le fond tant de films de SF fauchés ou paresseux.
Tandis que l’univers ne se limite pas à une poignée de survivants, évoquant différents endroits et groupes sociaux. Qui seront certes peu (voire pas) montrés, mais ils sont suffisamment bien gérés narrativement pour avoir du poids dans l’histoire. En revanche, la protagoniste, une ado surdouée en ingénierie génétique, présente un génie un peu excessif et pas toujours crédible ! Néanmoins, l’actrice est bonne (comme les reste de la distribution d’ailleurs), faisant passer la pilule.
Enfin, il parait évident que « Vesper » est une dénonciation à peine voilée du système actuel. Où de grands groupes agro-alimentaires (coucou Monsanto !) effectue des recherches très critiquées en biogénétique, et livre aux agriculteurs des semences stériles, pour maintenir leur dépendance. Un message pas toujours subtil, mais pertinent.