Bon, forcément avec The Rock en vedette dans un film de barbares, on ne peut pas s’attendre à un truc des plus subtils. Mais le résultat est signé d’un bon spécialiste de la série B de luxe, et l’ensemble est un divertissement bourrin sans prétention bien sympa.
D’abord The Rock se débrouille bien. C’est un des rares catcheurs à vraiment passer correctement à l’écran, notamment parce qu’en général il y a toujours un petit coté second degré dans ses prestations. Semblant conscient qu’il n’a pas fait l’Actor’s Studio et qu’il est utilisait prioritairement pour sa musculature, il joue la carte du type baraqué mais avec un coté décontracté qui lui sied bien. Son duo avec Clarke Duncan dans la deuxième partie est bien sympa, et ils sont bien entourés. Kelly Hu est une princesse séduisante indéniablement, et elle joue correctement, tandis que Steven Brand est un méchant honorable. A noter en revanche un Bernard Hill (Theoden !) totalement sous-utilisé en parfois en roue livre, et un Grant Heslov qui joue le sidekick comique, certes pas trop mal, mais enfin, c’est tout de même un cliché ambulant.
Le scénario pique à tous les râteliers. Gomorrhe, la voyante Cassandra (bonjour l’Iliade !), un arrière-fond égyptien (ben oui il y a un peu de la Momie ici !), le roi Scorpion essaye de nous faire un mix improbable entre l’univers Conan teinté de multiples références historiques, bibliques ou mythologiques. Tout cela en fait pour une histoire très simple ! The Rock il a la rage et il veut liquider le vilain roi avec un voleur de chevaux, un vieux pote nubien, une prêtresse qu’il a piquée à son adversaire, et une bande d’amazones en bikini. Pas de subtilité, de l’action à gogo, une touche d’humour lourdingue mais potache tant et si bien qu’il est possible de rire. Russell emballe bien son produit, c’est clair, et il nous sert un métrage efficace, suffisamment léger pour contenter un public large. Après c’est vrai que c’est relativement prévisible et qu’il y a quelques clichés, mais comparé par exemple à Prince of Persia, ce film est tout à fait digeste. A noter quand même que le titre est assez injustifié ici et sent le coup marketing plein nez.
Visuellement Russell exploite bien son budget visiblement bien passé dans les décors. Reconstitution soignée, effets visuels réussis (les serpents ont un peu vieilli tout de même, mais à l’écran ca passe sans difficulté), paysages agréables bien qu’un peu sous-utilisés. Le Roi Scorpion navigue dans la droite ligne de La Momie esthétiquement parlant, et ca fonctionne. La photographie en effet utilise aussi les mêmes artifices que les films de Sommers. La mise en scène est propre, surtout pour les combats, très appréciables pour leur fluidité, et Russell distille les effets de style avec maitrise (les ralentis notamment). Il y a quelques petites choses très bien vues (le passage dans la grotte par exemple). Quant à la bande son elle correspond à l’univers du film. C’est surtout une musique d’ambiance aux teintes orientalisantes, mais les passages plus rock pour l’action ne sont pas du tout déplaisants.
Au final Le Roi Scorpion est un film qui ne réfléchi pas, mais se contrefiche de cela ! Purée de pois, on est là pour voir du muscle, des filles dénudées, des bastons, des répliques qui tuent, sans se soucier des incohérences, des blagues à deux balles et autres soucis. Le Roi Scorpion réenchante la virilité masculine, il est bien cliché, mais il est généreux, dénué de tout engagement militant, les acteurs sont bien sympas, et au bout du compte ce film dégage réellement l’envie de rester 1 heure 45 avec lui. 3.5.