Un maître-mot : émotion
Après The Father, voici The Son…le moins qu’on puisse dire c’est que Florian Zeller a de la suite dans les idées et dans l’inspiration. N’en doutons pas, comme pour les deux autres pièces de sa trilogie, il adaptera, un jour ou l’autre, La Mère, au cinéma. En attendant, ces 123 minutes sont encore une fois, à quelques bémols près, une réussite. À dix-sept ans, Nicholas semble en pleine dérive, il n'est plus cet enfant lumineux qui souriait tout le temps. Que lui arrive-t-il ? Dépassée par la situation, sa mère accepte qu’il aille vivre chez son père, Peter. Remarié depuis peu et père d’un nouveau né, il va tenter de dépasser l’incompréhension, la colère et l’impuissance dans l’espoir de retrouver son fils. Reconnaissez que passionner le public avec la dépression adolescente était une gageure. Ce film sincère et profondément bouleversant la relève avec brio.
Moins époustouflant que The Father, ce drame n’en reste pas moins aussi subtil que tétanisant. On peut reprocher une petit manque de rythme - sans doute dû au concept de théâtre filmé -, et un certain nombre de répétitions. A son immense talent d’auteur, Zeller se révèle de nouveau comme un formidable directeur d’acteurs. Quant au twist final, il nous cloue sur place et nous tétanise. Mais l’ensemble m’a paru moins inventif que son 1er volet et parfois artificiellement larmoyant. J’ai eu la sensation désagréable de me faire « extorquer » mes émotions. Un accessit pour la belle musique de Hans Zimmer. Je suis persuadé du pouvoir cathartique de l’Art et 7ème en particulier, mais il m’a semblé que Zeller s’est retrouvé face à des situations qu’il n’a pas toujours maîtrisées malgré beaucoup de bonnes intentions. Vous la vea compris une impression mi-figue, mi-raisin, devant ce déferlement d’émotions.
Même si la carrière de Hugh Jackman est du genre éclectique, le moins qu’on puisse dire que ce rôle est à des encablures de Logan, Wolverine, Xmen ou Deadpool. Il ne s’en sortirait pas si mal s’ll avait à sa disposition un peu plus de deux expressions. Même s’il ne s’en sort pas si mal, pour moi, il reste le gros point faible d’une distribution au demeurant remarquable. On ne découvre pas le talent de Laura Dern et Vanessa Kirby, mais quelle découverte merveilleuse avec le jeune australien Zen McGrath qui crève l’écran. Et bien sûr la présence magistrale et rajoutée par rapport à la pièce originale -, d’Anthony Hopkins, qui, en une seule scène, donne une véritable master-class surtout au pauvre Jackman d’une totale insignifiance. Voilà pour mon gros bémol personnel pour une film très fort qui se voit avec plaisir… et émotion.