Voilà un film dont il ne faut surtout pas lire les critiques (des critiques professionnels bien sûr). Elles sont finalement nulles tant elles sont élogieuses d'un côté et vénéneuses de l'autre. Une nullité critique, attristante (peut-être pas si surprenante) qui pousse donc à se faire une idée soi-même.
Et l'idée qu'on se fait est simple. Le film est un brûlot contre les parents qui divorcent, ou plus exactement contre celui qui décide de divorcer, fort de sa liberté (selon la loi), sans penser au risque de dégâts... Il ou elle était LIBRE. C'est donc un brûlot contre cette liberté, avec un grand L. Jusque-là, rien de remarquable. Ou si ?
Ce qui est remarquable, pour sûr, est la façon dont Hugh Jackman interprète cet aveuglement, le contraste venant de la situation bien assise, sûre, qu'il s'est faite dans la vie, finalement incapable d'imaginer qu'il a cassé un vase précieux jadis, un objet irréparable aujourd'hui. Il ment donc en permanence, sans se rendre compte, fort de la loi, fort de sa rationalité. Il n'entend que ce qu'il peut entendre. L'auteur du film illustre cet "état de grâce" en montrant des femmes (son actuelle et son ex) tout en ressentis.
Il y avait un maître en la matière (en matière de ressentis contrastés), Comencini, notamment avec son film "l'incompris" (1967). Lui aussi générait des critiques extrêmes et opposées. Il n'avait pas relaté la même cause de problème. Mais le problème était le même, l'incompréhension (peut-être insoluble) de l'adulte, face à l'adolescence / enfance qui se retrouve déconnectée du réel, malheureusement, parfois.
Le synopsis pose une question, "peut-on vraiment sauver quelqu'un d'autre que soi-même?", question qui n'est pas vraiment posée par le film. En en sortant, on se pose cette question (plus restrictive) : peut-on sauver quelqu'un de lui-même ? Le film apporte sa réponse (à lui).
Il y a une image du film qui frappe par sa pertinence scénographique. C'est quand l'ado est face au psy, à côté duquel trône son grand chien de garde, imperturbable et impressionnant, comme un sphinx. On se met à la place de l'ado en face...
A.G.