Grosse production pour un film fleuve, adapté d'un roman d'Edna Ferber. C'est une grande saga familiale, sur fond d'histoire du Texas : de l'époque des immenses propriétés où l'on élevait le bétail au temps des immenses champs de forage où l'on exploite le pétrole. Changement d'époque, changement de moeurs. Le réalisateur et coproducteur George Stevens cerne les traditions et les évolutions par le biais de la vie des personnages et de thématiques filées : lien à la terre et légitimité, orgueil et préjugés, racisme, machisme, vie communautaire et réussite individuelle, famille, émancipation des enfants, pouvoir de l'argent ("Bick, you should have shot this fellow long time ago, now he's too rich to kill")... L'aspect critique se mêle à la dimension romanesque. Les symboles et messages sont un peu lourdement appuyés parfois (comme dans la scène finale), quelques morceaux du scénario sont assez prévisibles, mais la mécanique narrative d'ensemble, la mise en scène et la mise en valeur des grands espaces captent l'intérêt de bout en bout. Les trois heures du film passent facilement et agréablement. Côté acteurs, James Dean, dans un rôle taillé sur mesure (rebelle fragile en manque d'amour et de reconnaissance, puis opportuniste revanchard), vole la vedette à Elizabeth Taylor et à Rock Hudson. La première est parfaite dans la première partie du film, en jeune femme insolente ; malheureusement, elle est desservie ensuite par un rôle de plus en plus effacé et classique. Le second joue de sa prestance, mais demeure au final assez lisse. James Dean, donc, crève l'écran avec son jeu chaotique. Ce sera son dernier film... On note aussi la présence dans le casting de Dennis Hopper, tout jeune, dont c'était le troisième long-métrage.