« Combien d’autres occasions on aura de se faire un tel shoot d’adrénaline ? »
Multiprimés pour de nombreux documentaires, notamment sur l’escalade en milieu extrême, Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin réalisent avec ce Nyad/Insubmersible leur première œuvre de fiction (en fait un docudrama adapté de l’autobiographie Find a Way de Diana Nyad), qui raconte le passage du cap des 60 ans de la championne bien nommée, nageuse en eau libre sur longues distances (natation marathon).
Si l’on fait l’impasse sur le titre français, complètement stupide, et sans rien dévoiler de l’intrigue, il est important de souligner la performance d’Annette Bening en championne sur le retour, fantasque et jusqu’au-boutiste, et de Jodie Foster en amie de toujours, coach cassante et souvent dépitée par les frasques de son ex-compagne. S’y ajoute Rhys Ifans, acteur caméléon dont je suis fan, dans un rôle d'expert baroudeur qui fait beaucoup penser à celui de Robert Shaw dans Jaws/Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975).
Tout l’intérêt de la première partie se situe dans la préparation du défi, la difficulté que représente la collecte de sponsors pour une ancienne recordwoman de 60 ans, c’est à dire à un âge où, dans nos sociétés, les femmes sont encore souvent reléguées dans une antichambre post-ménopause, mais aussi la réunion d’une équipe fiable et bénévole, sans oublier, évidemment, l’entraînement étalé sur plusieurs mois, le tout ponctué d’images et de déclarations anciennes en flash-back découpés.
La suite s’avère à la fois palpitante et d’une prévisibilité totale, comme c’est le cas dès qu’un film étasunien parle d’exploit sportif et humain. Entre les scènes convenues et les rebondissements attendus, on grappillera malgré tout quelques moments intenses et actuels, version #metoo sports, ou dans la remise en question de l’héroïne par rapport à sa façon d’imposer son défi aux autres, sans concessions. Il y a enfin, chez le spectateur, la spectatrice, cette envie, savamment induite (par la scénariste, Julia Cox, ou par Diana Nyad elle-même, suspectée d’avoir enjolivé sa biographie… ce qui semble beaucoup plus grave pour une femme que pour un homme, apparemment), que l’héroïne aille au bout de son rêve de gosse. J’avoue, je suis bon public, ça marche à chaque fois et ça m’énerve !
La réalisation, qui alterne les plans classiques et de trop rares plans plus réels façon documentaire, n’apporte rien de neuf, ni la bande son qui navigue entre une musique oubliable qui rappelle parfois celle des Chariots de Feu (Vangelis, Hugh Hudson, 1981) et quelques titres des années ’70. En résumé, le film est à voir pour ses deux actrices (Jodie Foster n’étant créditée aux Oscars que du second rôle) et un certain goût de l’exploit impossible.