Avec Van Gogh In Love, Jean-Luc Ayach signe son premier long-métrage, à 66 ans. Il a, par le passé, travaillé longtemps pour la télévision, en réalisant beaucoup de dessins animés. Il a étudié aux Beaux Arts puis à l’Université d’Aix en Provence. Le metteur en scène se rappelle :
"Je voulais devenir peintre, j’aimais et pratiquais la peinture abstraite. Puis à 20 ans j’ai réalisé un court métrage en super 8. La nature directe et collective du cinéma ainsi que son aspect populaire m’ont emballé au point que je suis passé de la peinture au cinéma."
"J’ai été professeur d’arts plastiques pendant huit ans tout en tournant des courts métrages en 16 mm. En 1980 grâce à mes courts métrages, je suis accepté à l’école de cinéma de l’Université de New York. Là je croise Jim Jarmusch, Spike Lee, Ang Lee, Joe Minion le scénariste de After Hours, le film de Scorsese."
"C’était une promotion exceptionnelle mais évidemment on ne le savait pas à l’époque. Spike Lee était magasinier et quand on avait besoin d’un câble ou d’un projo on disait 'Spike, give me this cable'. De retour en France j’ai commencé a être stagiaire et assistant notamment sur le premier film d’Olivier Assayas."
Avec Van Gogh In Love, Frédéric Diefenthal joue pour la première fois un artiste. Jean-Luc Ayach explique pour quelle raison il a choisi le comédien : "Je voulais que ce film ne soit pas estampillé purement "art et essai" ce qui aurait été pu être le cas avec un autre comédien. De plus j’aime ce que Frédéric dégage, c’est un excellent acteur qui est populaire, qui a du charme et de l’élégance."
Avec ce film, Jean-Luc Ayach présente une nouvelle image de Van Gogh. Il explique : "Van Gogh a toujours rêvé d’avoir une famille mais il n’a jamais rencontré la femme avec qui il aurait pu vivre. L’intensité extrême de ses sentiments semble avoir été l’une des causes de ses échecs. Dans une lettre qu’il écrit en 1888, il dit : 'Je me sens l’envie de mariage et d’enfants et j’en veux parfois à cette sale peinture'. C’est assez surprenant quand on pense que pendant ce temps il peignait ses chefs d’œuvres à Arles."
"Il écrivit aussi: 'Qu’à défaut d’avoir des enfants, il se contentait de faire des tableaux'. De plus Van Gogh n’avait pas de vocation artistique. Il s’est mis à la peinture à 27 ans par défaut, après de nombreux échecs. Il cherchait un moyen de gagner son pain comme il disait. A propos de son art, il parle toujours de « son travail de peintre » comme le ferait un artisan."
Pour Jean-Luc Ayach, Van Gogh In Love est à la fois une comédie romantique avec du sens et un film tous publics avec de l’humour (sans être dénué de profondeur). "L’idée de la souffrance de la création et du sacrifice qu’elle nécessite en opposition au bonheur de vivre, comme le montre le parcours de Vincent, est au centre du film", précise le cinéaste.
Le film se déroule dans le milieu de l’art contemporain. Jean-Luc Ayach précise : "L’art contemporain est devenu l’art officiel. Il y a des artistes contemporains dont j’apprécie le travail mais il y aussi beaucoup de répétitions. Par exemple de nombreux artistes en vogue : Jeff Koons, Catalan, Damien Hirst, Murakami, se complaisent dans la critique de la société de consommation traitée par une imagerie kitsch. Ces deux idées avaient déjà très bien mises en valeur par le Pop Art dans les années 60."
"Pour revenir à mon film, le personnage de Léo fait la satire de la société de consommation en utilisant le monde du kitsch. L’entretien où Léo explique ses œuvres est calqué sur celui de Jeff Koons face à Bernard Blistène, le commissaire de son exposition au centre Pompidou. Vous pouvez visionner la vidéo sur le site du centre. Je trouve cela très amusant."