Michale Boganim est née en Israël et son père a été soldat, démineur, lors de la guerre du Kippour en 1973. La réalisatrice était à Tel Aviv en 2006 lors de la deuxième guerre du Liban et a vu l’occupation israélienne côté libanais : "La rapidité des événements m’a questionnée sur ces dix-huit années, d’abord d’invasion dès 1982 puis d’occupation à partir de 1984, avec le retrait des forces israéliennes entre 2000 et 2006. J’ai découvert l’histoire de ces Libanais qui avaient collaboré avec les Israéliens pendant cette période. Le récit du film commence en 1984, aux premiers temps du Hezbollah et de cette collaboration, entre l’armée du Sud Liban et l’armée israélienne, qui paie les salaires des miliciens libanais, leur donne des armes et des médicaments en échange d’informations et de missions d’infiltration. L’armée israélienne s’est servie d’eux puis les a trahis au moment de son retrait, les abandonnant sans prévenir avant de les laisser finalement se réfugier en Israël. C’est ce que le film raconte."
Tel Aviv - Beyrouth est structuré autour de trois dates : 1984, 2000 et 2006, qui correspondent à la guerre et l’occupation, le retrait des forces israéliennes, puis de nouveau la guerre. À l'origine, le récit ne devait se dérouler qu'en 2006, autour de la communauté libanaise réfugiée en Israël, mais la réalisatrice s'est rendue compte qu'on ne pouvait pas comprendre cette situation sans connaître les événements qui l’ont précédée. La chronologie du film permet de montrer la répétition des événements et du conflit, comme dans un cercle vicieux.
L'une des caractéristiques du film est de restituer la guerre du point de vue féminin. La réalisatrice explique : "Tout est vu et perçu par les yeux de Myriam et Tanya. Je tenais à montrer la guerre sous cet angle- là, avec elles, à l’arrière-front, afin de voir comment elles vivent ce conflit et les conséquences sur leurs vies respectives."
Bien que le film s’appelle Tel Aviv - Beyrouth, ces deux villes ne sont pas visibles. La réalisatrice s'est inspirée d'une ligne de train qui s’appelait Tel Aviv - Beyrouth, au temps de l’occupation britannique, et qui allait d’une ville à l’autre, sans qu’il y ait de frontière. "Ce qui m’intéresse, c’est la frontière, le rapprochement entre le sud du Liban et le nord d’Israël où les Libanais sont réfugiés, pas loin de là où ils vivaient auparavant."