L’acteur de séries populaires telle que « Scrubs » Zach Braff a réalisé son premier film « Garden State » il y a près de quinze ans. Un long-métrage acclamé par la critique à l’époque, qui a bien fonctionné en salles (surtout aux Etats-Unis) et qui a acquis un statut d’œuvre culte au fil des ans. Personnellement, on n’avait pas été aussi emballé, ce type d’œuvre fonctionnant vraiment selon les sensibilités de chacun, son côté envoûtant et feel-good fonctionnant moins bien sur certaines personnes que d’autres, un peu comme « Donnie Darko », produit à la même époque et dans un tout autre genre. Puis, l’acteur et cinéaste en herbe a retenté le coup avec un second opus du même genre via « Le Rôle de sa vie »; et là ça n’a pas fonctionnée pour grand monde. Pour se refaire, il a tenté une comédie mâtinée de polar assez regardable avec Morgan Freeman, « Braquage à l’ancienne », un acteur qu’il retrouve ici pour « A Good Person ». Et en changeant de genre, il réalise là son meilleur film. De loin. « A Good Person » est certes un mélodrame pur jus, mais un mélodrame avec la plupart atouts et qualités essentiels que ce type de film peut contenir. Et, surtout, c’est clairement une œuvre belle et bouleversante.
Le scénario a tout d’une tragédie grecque. En effet, le film parle de deuil, de culpabilité, de pardon et de résilience mais aussi, à moindre mesure, d’addiction. Des sujets lourds que ce « A Good Person » parvient à rendre beaux et émouvants sans pour autant être trop larmoyants ou pesants. On serait presque dans un feel-good movie si le fond n’était pas si dramatique mais le message d’espoir et les bonnes sont bien présentes et prégnantes. On pleure et on est profondément touché grâce à plusieurs séquences mais la touche finale, sans tomber dans le happy-end de mauvais aloi, est peut-être la plus réussie. En somme, si le sujet est dur, il ne verse jamais dans le pathos ou le lacrymal excessif et c’est ce qui en fait toute sa beauté et sa valeur : l’émotion vient naturellement même si c’est parfois au détour de quelques passages obligés. En outre, le film tire une pique bien sentie contre les labos pharmaceutiques et parle en filigrane de la crise des opioïdes dont ils sont coupables. Ce qui rend ce film encore plus pertinent et agréable.
Mais l’une des plus grosses qualités du long-métrage de Zach Braff est sans conteste son actrice principale. Elle est pour beaucoup dans l’immersion qui s’opère pour le spectateur dans ce drame où planent la mort, l’absence et le manque. Elle personnifie la difficile reconstruction de soi après un drame dont on se sent coupable comme personne. Au fil de ses choix, se dessine une actrice tout-terrain au pedigree de plus en plus impressionnant. Le moindre des mots que l’on met dans sa bouche et le moindre des gestes qu’on lui demande d’exécuter, elle le transforme en moment de grâce et nous hypnotise. A ses côtés, les seconds rôles sont tout aussi bien écrits et permettent de bien donner le change aux acteurs principaux au rang desquels figurent également un Morgan Freeman qu’on n’avait pas vu aussi bon (et pas dans un navet) depuis fort longtemps. « A Good Person » est donc un coup de cœur, un film simple, pudique, beau et qui vous retournera les sens avec beaucoup de finesse.
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