Menteur est une adaptation du film québécois Menteur d’Émile Gaudreault, sorti en 2019. C’est Gaumont qui a soumis à Olivier Baroux ce projet. Séduit par le film original, le réalisateur a aussitôt accepté la proposition. « Tout m’avait réjoui dans ce film : le scénario, la réalisation et l’interprétation. J’ai simplement demandé de pouvoir ne pas m’en tenir à un simple copier/coller et de changer des éléments pour le rendre, non pas meilleur (je n’avais pas cette prétention-là !), mais pour y proposer ma propre vision du mensonge. »
Si le mensonge est un ressort classique dans les comédies, il en est rarement le sujet principal. C’est ce qui a séduit Olivier Baroux quand il a découvert la version québécoise d’Émile Gaudreault : « Dans ce film, on essayait de l’analyser, d’en comprendre non seulement les effets mais aussi les facteurs qui le déclenchent. Exister, s’échapper, faire mal, ne pas faire de peine, se valoriser… Les raisons de mentir sont nombreuses. Le film en explorait pas mal ! Ça m’amusait et m’intéressait d’autant plus que, très peu de temps auparavant, j’avais lu dans Le Monde un papier très sérieux qui avançait l’hypothèse qu’une société sans mensonge ne pourrait pas exister. »
Après On a marché sur Bangkok, c’est la deuxième fois qu’Olivier Baroux écrit un scénario seul. Il a cependant régulièrement envoyé ses textes aux producteurs pour avoir leur retour.
Olivier Baroux reconnaît que « lorsqu’on adapte un scénario, une bonne partie du travail est faite. On n’a pas à créer énormément de choses. On a juste à trouver quelques idées nouvelles pour le rendre plus « hexagonal » et y rajouter sa « patte ». » Pour Menteur, il a conservé les meilleurs mensonges de la version québécoise et a ajouté notamment ceux du « Canichestan », des baleines et de Thomas Pesquet. Cependant, rien ne l’obligeait à respecter la version québécoise : « Ça paraît inimaginable, mais si vous avez achetez les droits d’une œuvre, vous pouvez changer, tout le texte, exceptée une ligne, mais qui ne vous est même pas imposée. »
Olivier Baroux considère la phase d'écriture comme un premier montage et pense déjà au rythme de son film. Il s’impose ainsi des règles drastiques : pour les comédies, les scènes ne doivent pas dépasser une page et demie, afin de ne pas durer plus de deux minutes. « Sauf si elles sont exceptionnellement drôles. Ça m’oblige parfois à des coupes de texte drastiques. L’auteur que je suis déplore parfois, mais le réalisateur jamais. Pour les scènes d’émotion, je me laisse un peu plus aller : je m’autorise deux feuillets, deux feuillets et demi ». Il ajoute : « Je passe beaucoup de temps sur mes scénarios, je les « visse » au maximum et je les fais lire et relire par tout le monde. Chaque fois que j’ai été paresseux ou imprécis à l’écriture, je l’ai payé sur le plateau. Les incohérences et les imprécisions peuvent faire perdre un temps fou et donc coûter pas mal d’argent ».
Avec Menteur, Tarek Boudali retrouve Olivier Baroux qui l’a fait débuter au cinéma dans L’Italien en 2010. En effet, le comédien y jouait le frère de Kad Merad. Le réalisateur se souvient : « On m’a présenté Tarek qui n’avait jamais fait de cinéma. Il a été sensationnel ! Un de ces jeunes premiers dont on se dit qu’il est à l’orée d’une belle carrière. » Lorsqu’il a entrepris l’adaptation de Menteur, il a immédiatement pensé à Boudali, qui a accepté le rôle dès la lecture du pitch.
Comme dans certains de ses précédents films, Olivier Baroux fait un caméo dans Menteur : « souvent, je prends des petits rôles qui n’ont pas été distribués. Cela ne m’arrange jamais trop parce que je n’aime pas me dédoubler, surtout quand il s’agit de plateaux compliqués comme ceux des Tuche. Dans Menteur, c’était plutôt comme un clin d’œil : une apparition sur le cadran d’un téléphone portable. Mais il fallait quand même quelqu’un, j’étais là, je l’ai fait. »
C’est la première fois depuis dix ans que Tarek Boudali tourne au cinéma sans ses acolytes de la Bande à Fifi. Le comédien reconnaît avoir été très nerveux au début du tournage : « Quand j’ai débarqué sur le plateau, à part Olivier [Baroux], je ne connaissais personne, aucun comédien, aucun technicien. Non seulement j’avais peur des regards et j’avais la trouille d’être « en dessous », mais j’avais cette pression supplémentaire de porter pour la première fois le premier rôle d’un film que je ne réalisais pas… »
Le film met en scène des personnages russes malhonnêtes. Évidemment, le film d’Émile Gaudreault, tout comme celui d’Olivier Baroux, ont été écrits avant la guerre en Ukraine. Le réalisateur français déclare : « C’est une triste coïncidence. Heureusement, si j’ose dire, les personnages russes de Menteur sont tous des fripouilles. S’ils avaient eu des rôles de sauveurs, je n’ose pas imaginer ce qu’il serait advenu du film. »