Une nuit, un jeune garçon muet invoque un djinn pour obtenir une voix...
Le pitch est redoutablement minimaliste et le début de "The Djinn" semble laisser paraître une intrigue qui va l'être tout autant par la série d'événements qu'elle met en place autour de son petit héros : un trauma, un déménagement pour se reconstruire, une solution surnaturelle de facilité aux conséquences forcément très dangereuses, le tout dans une désormais inévitable ambiance 80's afin d'éveiller la nostalgie un brin facile des productions horrifiques de l'époque...
Et puis, surprise, à partir de la fameuse invocation, "The Djinn" révèle la véritable nature de son pari conceptuel où le huis-clos va se disputer au temps réel en suivant les assauts du Djinn sur sa petite victime. En prenant le temps de nous familiariser à la géographie des lieux grâce à une gestion de l'espace assez remarquable compte tenu de leur étroitesse, la mise en scène maîtrisée va tour à tour se placer dans les yeux du petit garçon et du djinn pour inscrire dans nos têtes les points de repères de l'appartement et ensuite en faire des espèces de checkpoints à l'importance capitale dans le duel en train de se jouer. La découverte grandissante de la manière d'interférer de la créature et le jeu du chat et de la souris qui va s'ensuivre va évidemment produire une tension efficace... mais qui, forcément, vu la maigreur des enjeux cités plus hauts, va commencer à s'affaiblir à mi-parcours en donnant l'air de tourner en rond autour d'un affrontement des plus primaires. Même si sa durée est courte, il arrive clairement un moment où l'on se demande si "The Djinn" ne va être qu'un exercice de style au potentiel limité.
Eh bien non, le film réalisé par le duo David Charbonier & Justin Powell n'est pas que ça !
Par les doutes qu'il insinue chez le spectateur, le choix d'attendre aussi longtemps est risqué mais, comme son petit héros le découvrira, ce combat nocturne contre le génie malfaisant cache d'autres secrets qui vont carrément rabattre les cartes de leurs motivations dans cette lutte et établir un tout nouveau suspense sur sa finalité. En plus d'interactions bien senties (physiques ou psychologiques) pour toujours redynamiser la tension entre le démon et sa victime à l'écran, "The Djinn" aura la bonne idée de nous contredire sur les enjeux que l'on jugeait faméliques en les faisant grandir par le prisme des caractéristiques du djinn dans le but d'offrir une conclusion très roublarde, où une note d'émotion d'une réelle intelligence laissera place à un épilogue plus... inattendu.
Alors que l'on s'attendait à un énième et insignifiant film surnaturel de plus, "The Djinn" aura finalement fait figure d'agréable petite surprise par ses idées conceptuelles plutôt audacieuses. Certes, certains choix sont à double tranchant sur le ressenti du spectateur tout au long du film mais, dans un genre que l'on sait horriblement répétitif, il est bien difficile de ne pas saluer un film qui ose bousculer la platitude des conventions narratives des mortels pour se hisser vraiment à la hauteur du dessein vicieux du démon qu'il met en scène.