Le film a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.
Les œuvres créées par Lizzie sont réalisées par l’artiste Cynthia Lahti, qui vit à Portland et dont Kelly Reichardt suit le travail depuis longtemps. Il s'avère que Lahti est aussi une très vieille amie de Jonathan Raymond, co-scénariste du film. La réalisatrice avait ses sculptures en tête dès l'écriture du scénario et a donc créé le personnage de Lizzie autour de son œuvre. Quand elle a été approché pour collaborer au film, Lahti était sur le point d'arrêter sa carrière, s'interrogeant sur la légitimité de son travail. En travaillant sur le film, et notamment en formant Michelle Williams en amont du tournage, l'artiste a retrouvé son envie de créer. La réalisatrice se souvient : "Quand nous avons terminé de tourner Showing Up, elle avait tellement créé d’œuvres qu’on ne pouvait plus mettre un pied dans son studio. Elle était on fire !"
Showing Up déconstruit le fantasme du génie. Pour Kelly Reichardt, envisager le génie comme un don inné est une pure construction : "Showing Up parle du fait de travailler tous les jours et de prendre le temps de s’entrainer. C’était quelque chose d’essentiel au scénario. Il fallait montrer en quoi le fait de s’entrainer tous les jours devient quelque chose d’automatique, comme le fait de manger. Travailler devient une nécessité ne serait-ce que pour payer son loyer."
La réalisatrice comprend que l'on puisse trouver Lizzie, ainsi que les autres personnages du film, antipathique : "Lizzie n’est pas facile, elle est égoïste et doute beaucoup d’elle comme tout artiste. Je m’identifie à elle, notamment dans le fait de déballer ses angoisses à l’approche du vernissage de son exposition, ou encore de se retrouver totalement vulnérable en rendant publique son œuvre. Je pense que tous les personnages ont quelque chose d’imparfait, on peut s’identifier à eux."
Showing Up est la quatrième collaboration entre Michelle Williams et Kelly Reichardt après Wendy et Lucy, La dernière piste et Certaines femmes. "Nous ne nous voyons pas pendant des années et puis nous nous retrouvons et je constate qu’elle n’a cessé de s’enrichir en tant qu’actrice alors j’essaie de rester à son niveau. C’est très fluide entre nous, la collaboration se remet en place très rapidement", témoigne la cinéaste. De son côté, l'actrice accepte à chaque fois de tourner avec cette dernière avant même la lecture du scénario : "C’est un honneur de travailler avec elle, mais aussi d’accumuler des expériences communes. Après quatre films ensemble, j’ai l’impression que notre collaboration est l’une des plus importantes contributions que j’apporterai au cinéma."
La réalisatrice revient sur la signification de Showing Up, qui renvoie au fait "de se présenter sur son lieu de travail tous les jours. Ensuite, l’idée de se montrer présent pour les autres, pour ses amis, pour les gens qu’on aime. Les personnages du film ont des relations compliquées entre eux. Par exemple, les tensions entre Joe et Lizzie ne les empêchent pas de respecter le travail de chacune et d’être présente l’une pour l’autre."
Kelly Reichardt a souvent privilégié le format carré dans sa filmographie quand il s’agissait de filmer la nature, comme dans La Dernière Piste ou First Cow. Si elle adore filmer dans ce format, celui-ci n'était pas adapté à Showing Up : "C’était plus évident de filmer dans un format plus traditionnel. Les bâtiments de l’école sont très longs et plats. Je voulais vraiment arriver à capter cette configuration de l’école avec ses espaces bas, et ses toits terrasses [...]. C’est donc à cause des formes que nous filmions que nous avons décidé de nous rapprocher du format rectangle. Mais aussi pour garder Lizzie et toutes les filles, ensemble."