Un film que le distributeur aurait dû sortir au cœur de l'été prochain, lorsque la température approchera les 40 degrés, tellement il fait froid dans le dos. Il s'agit de la retranscription cinématographique de la conférence de Wannsee qui s'est déroulée à Berlin en janvier 1942, une conférence qui réunissait 15 dignitaires du 3ème Reich à qui il était demandé de mettre au point la "solution finale" concernant les juifs d'Europe. Le dialogue est, parait-il, tiré du procès-verbal de la conférence, établi par Adolf Eichmann et sa secrétaire, cette dernière étant la seule femme ayant participé à cette conférence. Face au général Reinhard Heydrich, le directeur de l'Office central de la sûreté du Reich, adjoint direct de Himmler, qui préside cette conférence, des militaires et des civils, en provenance de divers ministères. Si tous sont des nazis purs et durs, il y a bien sûr entre eux des luttes de pouvoir et des divergences apparaissent sur certains des points abordés, la plus importante ou, en tout cas, celle sur laquelle le film s'attarde le plus, étant le sort réservé aux "sangs mêlés", les demi-juifs, les quarts de juif. Pour Otto Hofmann, le chef du Bureau pour la race et le peuplement, un demi-juif, un quart de juif, c'est toujours un juif et l'un comme l'autre doivent être éliminés, alors que pour Wilhelm Stuckar, un juriste qui représente me ministère de l'intérieur et qui a fait partie des rédacteurs des lois antisémites de Nüremberg de 1935, il ne saurait être question de s'écarter des lois existantes et, pour lui, la stérilisation devrait être, dans certains cas, la meilleure des solutions. Toutes ces discussions qui devaient aboutir à supprimer 11 millions de juifs et ont quand même abouti à en supprimer 6 millions, se passent dans un climat totalement dépourvu d'affect et un des participants ne voit pas, a priori, de différence notable entre cette conférence qu'il est en train de quitter et une conférence sur l'avenir de la poste à laquelle il s'apprête à participer. Cinématographiquement parlant, ce quasi huis-clos n'apporte pas grand chose d'extraordinaire sans pour autant se montrer totalement indigent. En fait, le seul gros défaut de ce film, par ailleurs historiquement utile, c'est que, par manque de connaissance sur l'armée et sur l'administration allemandes, on a souvent du mal à "situer" les personnages les uns par rapport aux autres.