La conférence de Wannsee, dans la banlieue proche de Berlin, implique une bonne quinzaine de hauts fonctionnaires nazis pour débattre de la solution finale.
Tout ça avec un sérieux ponctué d’ironie ou de frustration feutrées pour chacun des débatteurs. Une réunion parmi tant d’autres, professionnelle, banale, quoi.
Il ne faut pas croire, il ne suffit pas de balancer une idée, il faut qu’elle soit réalisable. Ça demande toute une organisation comme la logistique ; trouver des camps prédisposés pour aménager des structures comme les fours ; de prévoir des rotations et d’employer à bon escient le Ziklon B.
Y en a même un qui s’est échiné à élaborer une estimation chiffrée ; de mémoire :
à raison de 932 juifs exécutés par jour durant 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, il est possible d’atteindre l’objectif de 11 millions de juifs exécutés sur 488 jours !
Le metteur en scène Matti Geschonneck me donne la sensation de suivre une réunion en temps réel. Je ne suis pas invité à la table, je suis en retrait, engoncé sur une chaise, en observateur privilégié avec pour consigne ne pas réagir.
Et en effet, engoncé dans mon fauteuil face à ce film, je ne réagis pas, je reste interdit devant autant d’horreur verbale débitée.
Sachez que ce n’est pas vraiment un film de mise scène, seuls les propos tenus permettent d’oublier une mise scène quasiment statique. Comme je l’écris souvent au sujet des adaptations théâtrales, si les dialogues sont généreusement bien écrits, brillamment bétonnés, la mise en scène m’est accessoire.
Là, ce n’est pas une adaptation théâtrale, toutefois, les lignes de dialogues débitées par les comédiens sont glaçantes… d’intérêt !
Ainsi, durant un peu plus d’une heure trente, j’assiste à des échanges courtois qui ont pour objectif d’acter la solution finale.
Matti Geschonneck réalise un récit sec, dispensé de musique, d’intrigues extérieures. Son film se focalise que sur cet ordre du jour où est enfermée une petite quinzaine de nazis.
Je peux comprendre que ça peut paraître fastidieux, en ce qui me concerne ça fonctionne bien.
Un challenge plutôt réussi et quelque part audacieux dans sa forme.