Projet de longue date pour Martin Scorsese (depuis les années 1970) qui finalement sorti aux USA fin 2002.
Loin de ses films mafieux ("Les affranchis", "Casino"...), Martin pioche dans le genre Histoire d'Amérique pour nous conter une histoire épique inspirée de la plume de Herbert J. Asbury, journaliste : entre la fin de la guerre d'Indépendance et le début de la guerre de Sécession, le quartier de Five Points va être pris sous contrôle par Bill le boucher qui a tué le père d'Amsterdam lors d'un ancien conflit.
Toujours sur un ton décontracté mais muselé, Scorsese nous délivre (encore !) un chef d'oeuvre avec une mise en scène-narration époustouflante qui balaie tout sur son passage.
Le scénario, maîtrisé de main de maître, est écrit de manière décontractée et nous emmène dans les tourbillons des personnages, eux aussi bien cageolés. Notons à la barre la présence d'un scénariste : Steven Zaillian en personne. Il a participé à l'écriture d'autres chef d'oeuvre comme "La liste de schindler" pour Spielbeg, ou encore "American gangster" pour Ridley Scott.
Les conflits entre irlandais et américains sont bien mis en avant et nous permettent de bien nous ancrer dans le contexte US du dix-neuvième siècle avec une partie esclavage, centrée à merveille dans le film. Encore merci Steven. Du très beau boulot !
La musique, elle aussi, nous emporte dans les tourments des personnages, reste épique à l'image du film, et est angoissante, tout comme le duel final, sublime à souhait. Merci au compositeur du "Silence des agneaux", du "Seigneur des anneaux", de "Seven"... . Il s'agit de l'inoxydable Howard Shore qui a l'art de nous recentrer à chaque fois sur l'intrigue. J'adore !
Si l'on parle direction d'acteurs, nous avons droit à une démonstration de force avec un Leo (Amsterdam) impérial face à un Daniel Day-Lewis (Bill le boucher) plus retors que jamais. Deux rôles pour deux grandes interprétations et deux grandes gueules du cinéma. Brillantissime. Du pur génie. Avec aussi un Liam Neeson ("La liste de Schindler", "Taken", "Le territoire des loups"...) effacé (ce qui est bien dommage ainsi qu'étonnant) et Cameron Diaz ("Vanilla Sky") juste de sensibilité mais sans plus. Tous les autres acteurs restent parfaits, et ce, grâce au style de Martin le magnifique.
Pour parler costumes/maquillages/décors, tout est bonnement parfait, à commencer par la reconstitution d'un New York plus vrai que nature. Tous mes chapeaux à cette équipe.
De même, la photographie, tantôt brumeuse, tantôt euphorisante, met bien en avant les contrastes indiqués par Zaillan sur ces personnages. Une photo électrique, je trouve, légèrement baroque (de par une mise en scène stylisée) et donc forcément oppressante. Encore merci Michael Ballhaus ! Il a déjà travaillé pour Martin ("After hours", "Les affranchis", "Le temps de l'innocence", ...), mais aussi pour Coppola ("Dracula"), Levinson ("Sleepers"), Rainer Werner Fassbender ("Lili Marleen")... .
Pour résumer, "Gangs of N.Y." reste un film ambitieux et fortement abouti (heureusement de la part de Martin) doté d'un souffle épique indéniable, le tout emmené par un quatuor de gangsters en la matière (Martin/Day-Lewis/Shore/Ballhaus).
Il faut dire aussi que nos collègues adorés qui ont assuré la promotion de "The artist" à l'international sont de la partie.
Weinstein pour un jour, gangsters pour toujours !