Après le film de Stephen Frears, "Valmont" et "Sexe Intentions", ce film, réalisé par Rachel Suissa et sorti tout récemment directement sur Netflix, est de loin la plus mauvaise adaptation des quatre que j'ai vu, si ce n'est la seule mauvaise d'ailleurs, puisque j'ai beaucoup aimé les trois précédentes. Le film tente ainsi de faire comme "Sexe Intentions", c'est-à-dire de transposer le roman homonyme de Pierre Choderlos de Laclos à notre époque contemporaine, mais avec, de plus, des personnages adolescents. Nous sommes donc devant un teen movie qui tente également de calquer les teen romance américaines telles que "After" et, déjà que le modèle n'est pas glorieux, autant dire que la copie est carrément ratée et fait peine à voir ! On a en effet sous les yeux un pur produit Netflix qui rempli le cahier des charges de la plate-forme. Nous sommes donc devant un film qui se veut choquant, effronté et provoquant mais qui est en réalité très aseptisé, encore plus aseptisé qu'"Elite". Même le roman de Laclos, qui date pourtant du dix-huitième siècle, est bien plus sulfureux que cette adaptation pour ados. D'ailleurs, c'est une adaptation très libre puisque, si le fond est plus ou moins respecté (c'est-à-dire l'histoire du pari), tout le reste est complètement déformé et ré-adapté, sans raison apparente en plus. "Sexe Intentions" réadaptait également des trucs à sa sauce, comme le contexte évidemment, mais gardait tout de même ce qui faisait l'essence même du roman épistolaire. Alors qu'ici, nous avons quelque-chose de très classique qui ne parvient pas à capter toutes les subtilités du roman. À commencer par les personnages par exemple qui sont des archétypes complets. S'ils sont ambiguës et déconcertants dans le roman et les précédentes adaptations, ils sont ici complètement lisses et très manichéens. Il n'y a qu'à prendre en exemple Glenn Close, Annette Bening et Sarah Michelle Gellar, toutes trois interprétant une Mme de Merteuil manipulatrice et cruelle, tout en étant douce et aimante pour constater que cela n'a rien à voir avec le jeu de Ella Pellegrini qui est juste une peste, un peu dérangée sur les bords. Autre changement notable avec celui du bouquin et des précédentes adaptations, celui de la notoriété. Ici, la pyramide sociale se construit uniquement autour des réseaux sociaux et notamment du nombre d'abonnés Instagram, ce qui pourrait être malin mais ce qui est en réalité très courant dans les teen movies, depuis les années 80 (enfin, pas les réseaux sociaux mais la pyramide sociale basée sur la popularité). Ainsi, cette version moderne des "Liaisons dangereuses" ne se contente que de piocher ça et là des éléments des précédentes adaptations et de la teen romance américaine sans ne jamais parvenir à être original, subversif ou surprenant.