Pour le plaisir d’une femme
Pour son 1er film qu’elle a écrit et réalisé, Héloïse Pelloquet, 34 ans, a décidé de nous parler du « démon de midi » version féminine. Chiara vit sur une île de la côte atlantique, là où son mari Antoine a grandi. Ils forment un couple heureux et amoureux. Elle a appris le métier d'Antoine, la pêche, et travaille à ses côtés depuis vingt ans. L'arrivée de Maxence, un nouvel apprenti, va bousculer leur équilibre et les certitudes de Chiara… 95 minutes bien écrites, bien filmées, très bien jouées mais somme toute asse banales tant dans la forme que dans le fond.
Le couple mal assorti et la rencontre de deux milieux distincts, on nous l’a fait un paquet de fois. Et en l’occurrence, c’es du milieu de gamme avec mention honorable. Une femme d’une quarantaine d’années, une travailleuse, qui va vivre une histoire d’amour adultère avec un très jeune homme. Bon ! Pourquoi pas ? Ici, on sort du schéma classique d’une bourgeoise désœuvrée adultère par ennui. Pour cette femme, le simple fait de se poser la question du droit au bonheur est devenu un luxe. En vérité, revendique son droit au plaisir de façon naturelle et que cela ne provienne pas d’une blessure intime à guérir ou d’une réflexion. C’est, en fait, ce qui constitue l’originalité de la situation décrite dans ce scénario. D’autre part, malgré la différence d’âges, il n’y a ici rien de malsain ou de déséquilibré. Il apparaît aussi très important pour la cinéaste de nous parler sans détours du plaisir féminin, à l’heure où le droit des femmes à jouir de leur corps est sans cesse violemment remis en cause. Donc beaucoup de bonnes intentions dans un film sans doute un peu banal mais qui reste bourré de qualités.
Cécile de France, aussi solide que sensuelle crève l’écran. Quelle présence ! Mais le jeune Félix Lefebvre, découvert chez Ozon dans Un été 85 - n’est pas en reste et joue une excellente partition. Citons encore Grégoire Monsaingeon, Imane Laurence, et des « locaux » - le tournage a eu lieu à Noirmoutier – comme Jean-Pierre Couton, Ghislaine Girard ou Josée Lambert. On ne peut que regretter que ce film intimiste sorte entre les fêtes de fin d’année. Pas la période la plus favorable pour ce type de film.