The Whale marque le grand retour de Brendan Fraser au cinéma. Si le comédien n'a jamais totalement disparu des écrans (on a notamment pu le voir dans les séries Trust et Doom Patrol), il n'a jamais renoué avec le succès de La Momie au début des années 2000. L'acteur s'était fait plus rare ces dernières années, en raison de problèmes de santé provoqués par les cascades qu'il réalisait lui-même sur les plateaux. L'acteur est aussi tombé en dépression suite à une agression sexuelle perpétrée par Philip Berk, ancien président de la Hollywood Foreign Press Association, organisation qui s'occupe notamment des Golden Globes. Grâce à The Whale, Fraser revient sur le devant de la scène et décroche ses premières nominations aux Oscars, aux Golden Globes (cérémonie à laquelle il a refusé de se rendre) et aux BAFTA.
Darren Aronofsky rêve d’adapter The Whale au cinéma depuis qu’il a découvert dix ans plus tôt à New York la pièce écrite par Samuel D. Hunter. Il avait été frappé par l’intelligence de la pièce, par le courage avec laquelle elle interroge la condition humaine. "The Whale met en scène des personnages aux âmes complexes. Ils ont commis des erreurs différentes, mais ont en commun l’immensité de leur cœur et un profond désir d’aimer l’autre, même lorsqu’il ne semble pas aimable."
Cette pièce, représentée pour la première fois en 2012, a immédiatement séduit le public et la critique, malgré son postulat de départ peu séduisant : le public voit un personnage assis dans son canapé pendant quasiment toute la représentation. Aronofsky se souvient du choc ressenti à sa découverte : "J’ai été profondément touché par les idées abordées, et par la façon avec laquelle le récit trouve toujours de la beauté dans des choses que nos préjugés rendent a priori inhumaines. J’ai été touché, j’ai ri et je me suis senti porté par le courage et la grâce de chaque personnage. J’y ai retrouvé cette problématique que j’aborde souvent dans mes films : comment placer le spectateur à l’intérieur d’un personnage qu’il n’aurait jamais pu imaginer être ?"
Auteur de la pièce d'origine, Samuel D. Hunter signe le scénario du film. Une expérience nouvelle pour lui, qui n'avait jamais écrit pour le cinéma. Il a dû replonger dans une période sombre de sa vie : il s'est en effet inspiré de sa propre expérience, lorsqu'il était un étudiant obèse, pour écrire la pièce. Bien qu’il ait minci depuis, il a vécu ce que les gens comme Charlie endurent physiquement et socialement. Il existe de nombreuses causes à l'obésité, qui touche plus de 40 % des Américains. L'écrivain, lui, a toujours fait le lien entre son excès de poids et sa frustration émotionnelle : "Je connais beaucoup de gens qui sont gros, heureux et en bonne santé, mais ce n’était pas mon cas. Je fréquentais une école chrétienne fondamentaliste à l’époque où ma sexualité s’est révélée à moi et cela a engendré une relation malsaine avec la nourriture. Charlie souffre d’une insuffisance cardiaque due à son obésité, mais il est surtout en train de mourir d’un chagrin qu’il n’a jamais eu le courage d’affronter."
Le rôle de Charlie exige une vulnérabilité et un abandon total de la part de son interprète. Darren Aronofsky a hésité pendant dix ans pour le casting avant de repérer Brendan Fraser dans la bande-annonce de Voyage jusqu'au bout de la nuit. En février 2020, il le réunit avec d’autres acteurs pour une première lecture : "Dès le premier instant des répétitions, j’ai eu des frissons et j’ai su que j’allais faire ce film avec Brendan."
Le comédien était conscient qu'i s'agissait d'un vrai défi : "J’ai dû réunir tout ce que j’étais et tout ce que je savais, j’ai mobilisé mon corps, ma mémoire, mon cerveau. Je savais que c’était le rôle de ma vie, quitte à ne plus jamais rien faire après. Alors, tout ce que je suis est là, à l’écran. Charlie est loin d’être un ange, mais il est incroyablement humain."
Brendan Fraser s'est beaucoup documenté pour préparer son rôle. Il a interrogé les personnes atteintes d’obésité, regardé tous les films mettant en scène une personne de forte corpulence afin de voir comment les différents acteurs abordaient ce rôle. Il a relu Moby Dick et appris, avec l’aide de Beth Lewis, coach en mouvement, à se déplacer dans l’appartement comme Charlie. Il s’est habitué également à porter le costume de 50 kilos et la prothèse qui complétaient la transformation de son corps.
Avec Darren Aronofsky, il a consulté le Docteur Rachel Goldman, une psychologue spécialisée dans les comportements alimentaires et le traitement de l’obésité, ainsi que l’Obesity Action Coalition (OAC), la principale association de défense du pays. En plus de les conseiller sur le langage et les spécificités du scénario, l’OAC les a mis en contact avec des personnes prêtes à livrer leur expérience de l’obésité.
Ellie, la fille du héros de The Whale, est campée par Sadie Sink, connue du grand public pour son rôle de Max Mayfield dans Stranger Things. Au sujet d'Ellie, l'actrice confie : "J’ai aimé qu’on la découvre petit à petit, on met du temps à comprendre sa vulnérabilité. J’espère que les gens auront de la sympathie pour Ellie parce que pour moi, même si elle peut s’avérer extrême dans certains de ses choix, c’est une fille complètement perdue. Elle déboule chez son père avec l’intention de le blesser, en espérant lui ouvrir les yeux. Ellie peut être interprétée de plusieurs façons, mais je la comprends, je suis totalement de son côté."
La version enfant d'Ellie est jouée par Jacey Sink, qui n'est autre que la petite sœur de Sadie Sink. Jacey jouait déjà la version enfant de Sadie dans un épisode de Stranger Things.