Adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Samuel D. Hunter, The Whale, réalisé par Darren Aronofsky, est un chef-d'œuvre dramatique. L'histoire nous fait suivre Charlie, un homme en obésité morbide pesant plus de deux cent cinquante kilos, ne sortant jamais de son appartement, donnant des cours d'écriture à distance à des étudiants. Si ce père de famille séparé ayant abandonné sa fille avec qui il tente de renouer le dialogue en est là, c'est à cause de la perte de son amant. Depuis, Charlie souffre du syndrome d'hyperphagie incontrôlée en raison de son état dépressif, le rendant gravement malade, au point d'être mourant. Ce scénario, sous forme de huis clos, s'avère être un véritable crève cœur pendant un peu moins de deux heures. On assiste pendant toute cette durée à un récit bouleversant, traitant de sujets forts comme la famille, l'addiction, la religion et la mort. Pourtant, malgré toute la gravité ressortant de cette situation d'une tristesse sans nom, on perçoit par moment quelques rayons de soleil faisant un bien fou. En effet, le ton dramatique alterne avec quelques scènes arrachant des sourires, même si ceux-ci sont aussitôt effacés par la sordide réalité. Tout cela est rendu possible par les personnages au fort caractères, interprétés par des acteurs merveilleux, avec en tête Brendan Fraser qui livre une prestation grandiose. Il interprète avec brio ce rôle difficile inspirant le dégoût aux yeux des autres et nous fait parfaitement ressentir toute sa détresse. Sa transformation physique est remarquable. Il est entouré par Sadie Sink, qui joue sa fille en voulant énormément à son paternel de l'avoir délaissée. Hong Chau incarne elle une amie infirmière. Ty Simpkins un messager de Dieu et Samantha Morton son ex femme. Tous ces rôles sont ambivalents et nuancés, ayants chacun leurs bienfaits et leurs torts. Ils entretiennent des relations poignantes au cours desquels ils se parlent à cœur ouvert. Ces mots échangés, d'une immense sincérité, sont tout aussi durs à entendre qu'à prononcer. Ils procurent de très fortes émotions, au point de faire couler les larmes. L'ensemble est brillamment réalisé par Darren Aronofsky. Malgré l'espace confiné plongé dans la pénombre, il parvient à constamment renouveler sa mise en scène et joue parfaitement avec son environnement, notamment cette fenêtre donnant sur le monde extérieur, qui est presque un personnage à part entière. Ce visuel austère, du à cet appartement plongé dans l'obscurité, comme pour se cacher du reste du monde, est accompagné par une sublime b.o. signée Rob Simonsen. Ses compostions aux airs gravissimes viennent parfaitement souligner les différents moments de cette semaine décisive et dégagent une grande puissance. Ce sort désespéré s'achève sur une fin aussi éblouissante, qu'émouvante, venant mettre un terme à The Whale, qui, en conclusion, est une œuvre déchirante et marquante, devant absolument être regardée, malgré toute la souffrance rendant son visionnage éprouvant.