Avec Brûle le sang, Akaki Popkhadze réalise son premier long métrage. Pour l'occasion, il s'est inspiré de plusieurs éléments qui lui sont propres, comme le fait qu'il soit un immigré géorgien. Le metteur en scène confie : "Ma mère est professeure de piano, mon père était gardien dans la villa d’un oligarque russe, j’ai un petit frère avec qui j’ai des relations parfois difficiles. Quand je suis arrivé en France, c’était compliqué."
"Je ne parlais pas la langue, je n’avais pas d’amis, je passais mes journées à regarder des films et des séries à la télévision. J’ai appris le français, ainsi, au fur et à mesure, en regardant notamment « Hercule Poirot »."
Plus tard, Akaki Popkhadze a trouvé du travail. Au début, il était gardien dans une villa, puis serveur et videur dans une boite de nuit à Monaco. Il se rappelle : "J’ai gardé ce poste pendant quelques années. Je naviguais entre Monaco et St-Tropez. J’ai pu observer beaucoup de truands, de stars, de milliardaires, en train de faire des choses drôles, insolites, surprenantes et je notais tout dans un coin de ma tête."
"À 25 ans, j’ai voulu me consacrer à mon amour du cinéma, j’ai donc fait une école de cinéma mais j’ai continué à travailler dans une boîte de nuit parce que l’école était chère. La journée, j’étais en cours, le soir, j’étais en boite de nuit. Cela a duré trois ans."
À la fin de ses études, Akaki Popkhadze a réalisé un moyen métrage de 36 minutes, sans budget, totalement auto-produit qui s’intitule Je Vois (tourné en un seul plan séquence) : "Le film a été vu dans plusieurs festivals. C’est ainsi que j’ai rencontré Adastra Films et Sébastien Aubert. Ils se sont intéressés à ce film, à moi, et on a commencé à développer l’histoire de Brûle le Sang", se souvient le réalisateur.
Akaki Popkhadze a voulu réaliser un film immersif, au plus proche des personnages, avec une caméra dansante autour d’eux comme un ballet. Il précise : "J’ai essayé de faire à la fois un drame familial et un thriller autour de la vengeance. Le film se déroule au sein de la communauté géorgienne de Nice. J’ai pu ainsi parler de ma famille, d’où je viens. Il se déroule dans la ville où je vis depuis que j’ai 15 ans."
"Je voulais montrer ce qu’il y a derrière les palmiers, les casinos et les plages, c’est-à-dire les quartiers défavorisés, la misère et les drames qui s’y déroulent. Faire ce film, c’est ma façon de dire combien j’aime ma communauté et ma famille."
"Quand j’avais 13 ans, ma famille a dû fuir la Géorgie pour venir en France. Au-delà de la misère et des humiliations de cette situation d’immigrés, ce fut un choc culturel et affectif. J’ai grandi dans un milieu principalement masculin, la seule figure féminine à laquelle je pouvais me raccrocher était ma mère. C’est pourquoi, dans le film, le personnage féminin le plus important est une mère."
"Les hommes forts redeviennent des petits garçons devant leurs mamans. Dans Brûle le sang, je veux raconter l’échec de la violence et de la vengeance. Je crois profondément que l’obstination dans la virilité ,et l’honneur mène à la destruction. Dans le film, la vengeance tant souhaitée n’a pas lieu. La masculinité toxique mène à la mort. Les hommes forts finissent dans des bennes à ordures."