Fin de projection, une certitude : le cinéma français n'est pas mort.
"Le comte de Monte-Cristo" est une franche réussite. Je ne connaissais pas l'histoire, assez complexe au vu des nombreux personnages, mais le scénario nous embarque habilement dans les chemins sinueux des vices, la complexité des relations humaines et les ravages de la passion amoureuse. Esthétiquement, c'est un fabuleux spectacle : décors, costumes, lumière... L'image est belle, baignée de soleil, et les couleurs chatoyantes, pas trop saturées. Le spectateur est bercé par cette musique enivrante qui nous trotte encore dans la tête, bien après la fin. Pierre Niney incarne avec panache ce rôle complexe, tout en nuances, et brille dans la folie vengeresse, plein de fougue et de charisme. A ses côtés, Patrick Mille, Bastien Bouillon et surtout Laurent Lafitte régalent de cruauté. De même que Pierfrancesco Favina émeut dans le rôle de l'abbé Faria. Les jeunes comédiens ne sont pas en reste, à commencer par Vassilli Schneider, solaire et charmant (prometteur pour LA révélation du film), et bien sûr Anamaria Vartolomei, juste exceptionnelle. J'émets cependant quelques réserves sur Anaïs Demoustier que je trouve un peu fade. Sinon, c'est un sans faute pour la mise en scène, précise et maîtrisée. Bien loin du « Prénom », le duo de réalisateurs saisit la beauté de l'instant, le cadre idéal pour dégager l'émotion nécessaire, tantôt la peine, tantôt l'effroi. Bien que prévisible, le scénario, bien ficelé, passe par tous les émois et condense parfaitement l'intrigue chargée du roman originel (première partie heureusement pas trop longue afin de tenir le spectateur en haleine jusqu'à la seconde, nettement plus intéressante). Les scènes fortes s'enchaînent dans un rythme effréné (3 heures et ça passe vite !) et le climax de jubilation est atteint lors d'un procès riche en révélations... Il est cependant dommage que la découverte du trésor et la résurrection de Dantès ne soient pas davantage explorées. Monte-Cristo n'est pas un héros à proprement parler, tant sa vengeance le consume dans ses pulsions déraisonnées (on retient d'ailleurs cette phrase d'Angèle que le comte aurait mieux fait de méditer : « entre la vengeance et la vie, j'ai choisi la vie »...). Ce film est avant tout le portrait de l'Homme dans sa laideur, la nature profonde et la dualité des états d'âmes, car, dans cette histoire, tout le monde est plus ou moins vicieux. Reste un grand récit d'aventures, une épopée riche en rebondissements qui nous offre un grand moment d'évasion (nécessaire en cette période morose), parfait pour ce début de vacances ! MERCI pour ce (très) grand film, aussi réjouissant qu'efficace. Vive le cinéma français !