Tempura porte à l’écran un roman de Risa Wataya. La réalisatrice revient sur ce qui l’a séduite dans l’œuvre originale : « La plupart des protagonistes des romans de Risa Wataya sont des femmes se livrant à des comédies romantiques qui transcendent la simple quête amoureuse et l’humour pour tendre vers des moments de réalisation de soi. Elle déploie des histoires où les personnages apprennent à grandir en tant qu'individus à part entière. Ses romans offrent donc des lectures très immersives pour moi, je m'identifie à ses personnages. »
Akiko Ohku souhaitait avec Tempura montrer les hauts et les bas d’une romance dans un contexte moderne, à une époque où les nouvelles générations déconstruisent les codes relationnels : « Ceci amène plus de complexité dans l’amour, donc plus de vulnérabilité, plus de questionnements, de doutes, et en même temps, les connexions de nos jours me semblent plus égalitaires, plus ancrées, donc plus sincères, subtiles et fortes. Il faut d’abord se connecter à soi avant de se connecter à l’autre. » Le couple n’apparaît désormais plus comme une case à cocher à tout prix : « On ne se met pas avec quelqu’un à des fins utilitaires, pour se rassurer et se complaire, mais bien pour se connecter et se dépasser soi-même. »
Le tournage a dû s’interrompre en raison de la crise sanitaire. Plusieurs changements ont été opérés afin de boucler les prises de vues – les scènes en Italie ont notamment dû être tournées au Japon. Un mal pour un bien selon la réalisatrice : « Le coronavirus a rajouté une dimension d’autant plus forte au sujet du film, soit la distance entre les gens. L’héroïne, qui a toujours voulu être seule mais tombe maladroitement amoureuse, suscite d’autant plus d’empathie que nous vivons à une époque où nous nous retrouvons confinés chez nous. Chacun d’entre nous aspire inconsciemment à être relié à quelqu’un dans une telle épreuve, je crois… »
Le personnage de Mitsuko a une voix intérieure, « A », qui lui permet d’affronter ses peurs et de prendre confiance en elle. Mais l’héroïne utilise aussi « A » comme un prétexte pour ne pas vivre sa vie. « Ne sommes-nous pas notre meilleur allié et notre pire ennemi ? », s’interroge la réalisatrice. « Tout le propos du film, c’est de renoncer à la bouée de sécurité mentale à laquelle on s’accroche parfois pour permettre à une relation de s'épanouir. Le partage des sens permet ce lâcher-prise, comme le fait de manger ensemble – la nourriture agit pour cette raison comme un liant essentiel et salvateur dans le film, un espace de partage simple et sans entrave. Quant aux névroses, il ne faut jamais s’y complaire. Il faut simplement les apprivoiser pour apprendre à les dompter et épargner les autres. »