Black Phone est adapté de la nouvelle du même nom écrite par Joe Hill, fils de Stephen King, et publiée pour la première fois en 2004. Scott Derrickson se rappelle : "J’avais lu son histoire il y a plus de seize ans en lisant son livre dans une librairie. Je ne savais pas que c’était le fils de Stephen King et j’ai juste pensé tout de suite que cela pourrait faire un film formidable."
"Il y a environ un an, j’ai eu la chance de pouvoir me lancer dans une nouvelle aventure cinématographique et je me suis plongé dans l’adaptation de cette nouvelle. Je voulais revenir à ma passion du cinéma d’horreur et Black Phone était une opportunité parfaite."
Six ans après la sortie de Doctor Strange, sa première (et jusqu'ici dernière) incursion dans le Marvel Cinematic Universe, le réalisateur Scott Derrickson revient à l'horreur, son genre de prédilection. On lui doit ainsi Hellraiser 5 : Inferno, L'Exorcisme d'Emily Rose, Sinister et Délivre-nous du mal.
Depuis quelques années, Scott Derrickson suit une thérapie en raison de mauvaises expériences survenues dans sa jeunesse à Denver, durant les années 1970. Avec Black Phone, il a ainsi voulu faire un film reflétant le climat de peur et de violence qu'il a connu :
"Je vivais à Denver à la fin des années 70, dans un quartier difficile avec un maximum d’insécurité, de violence et d’abus en tous genres. J’étais, qui plus est, le garçon le plus jeune parmi tous ces jeunes à la dérive."
"C’était aussi l’époque où Ted Bundy était passé par chez nous en tuant plus d’une fois. Et Charles Manson faisait la Une avec le triste meurtre de Sharon Tate. J’ai même été confrontré au meurtre de la mère d’un ami qui vivait près de chez nous."
"Je vivais vraiment dans une ambiance ultra morbide, sans compter les abus de violences à l’encontre de nombreux jeunes par leurs parents. C’était vraiment une période noire de mon existence. La peur était en moi et dans ma famille."
Scott Derrickson a conçu Black Phone comme un mélange des 400 coups de François Truffaut et ses souvenirs de jeunesse. "De plus, cette histoire répond à l’une des angoisses supplémentaires de ma jeunesse, celle d’être enlevé par un taré, à mon insu. Sans compter que l’élément surnaturel de cette nouvelle a rajouté une touche d’angoisse supplémentaire", précise-t-il.
Black Phone est raconté à travers le regard de Finney, adolescent de 13 ans harcelé au collège et rudoyé chez lui par son père, un homme alcoolique. Intelligent, ingénieux, mais aussi timide et un peu gauche, il est la cible privilégiée des petites brutes du coin. Finney est interprété par Mason Thames, qui trouve ici son premier rôle au cinéma. Le jeune acteur se rappelle :
"Avant de lire le scénario, je savais seulement qu’il s’agissait d’un film d’horreur. Après l’avoir lu, je me suis dit que c’était original, cool et sombre. Je me suis vraiment identifié à Finney qui m’a touché. Je crois bien que tous les spectateurs auront de l’empathie pour lui."
Que ce soit au moment de l'écriture, du tournage et du montage de Black Phone, Scott Derrickson a eu une liberté totale. Le réalisateur se souvient : "On m’a vraiment laissé tranquille pour composer le casting que je voulais. Y compris pour les deux jeunes, qui m’avaient ébloui lors de leur audition. Ce fut vraiment le film le plus simple à tourner de toute ma carrière."
"J’ai écrit le film en cinq semaines, je l’ai soumis à Jason Blum, et Universal a donné son accord en un instant. C’est fabuleux ! Nous avons tourné en tout juste trente-deux jours, c'est incroyable. On m’a laissé vraiment tranquille."
Dans la nouvelle de Joe Hill, le Ravisseur s’inspirait de John Wayne Gacy, tueur en série surnommé le Clown Tueur, qui a assassiné au moins 33 jeunes hommes et garçons entre 1972 et 1978. Il explique :
"Quand je pensais à ce type de prédateur, j’avais en tête quelqu’un qui me rappelait Gacy. Il existait un autre tueur d’enfants à la fin des années 1990, dans les environs de Boston, dont j’avais entendu parler par les journaux, et il m’obsède depuis toujours. Je ne sais pas pourquoi il m’a autant marqué, mais c’est le cas."
L'antagoniste étant, dans Black Phone, au cœur du récit, Scott Derrickson voulait que le tueur en série d’enfants soit interprété par un acteur de grande envergure. C'est dans cette optique qu'il a sollicité Ethan Hawke, qui s'est en premier lieu montré réticent.
"Cela ne me gêne pas d’interpréter des personnages détestables ou faillibles, mais dès l’instant où le spectateur vous aperçoit sous les traits d’un personnage profondément maléfique, celui-ci reste inscrit dans son esprit, ce qui change la perception qu’il a de vous."
"J’ai trouvé que c’était une histoire singulière. Certes, il s’agit d’un film terrifiant, mais profondément humain. Comme, en plus, j’avais très envie de retravailler avec Scott, je n’ai eu aucun mal à prendre ma décision", confie le comédien.
La cave du Ravisseur est un espace d’environ 72 mètres carrés, beaucoup plus grand qu’il n’apparaît à l’écran. La chef-décoratrice Patti Podesta et Scott Derrickson ont souhaité faire en sorte que la cave soit un espace métaphysique et expressionniste où la terreur est constamment présente.
Le téléphone noir à cadran, installé dans la cave du Ravisseur, joue un rôle déterminant puisqu’il sert de passerelle entre les mondes physique et métaphysique. Après avoir longuement cherché un téléphone qui corresponde parfaitement au film, Patti Podesta et son équipe en ont déniché un qui était particulièrement imposant, signe qu’il s’agissait d’un appareil des années 70.
La production a acheté plusieurs exemplaires du téléphone, qui ont ensuite été vieillis pour donner l’impression d’avoir été usés par les années. Au cours du tournage, le téléphone a été branché à un dispositif, le Viking System, qui permettait à Scott Derrickson de le faire sonner et de parler à Mason Thames.
Avec Black Phone, Scott Derrickson retrouve Ethan Hawke, qu'il avait dirigé dans Sinister : "J’avais Ethan Hawke en tête pour le méchant, à cause de sa voix tellement flippante, et ça fonctionne à la perfection", confie le metteur en scène.
Les masques du Ravisseur ont été imaginés par l'incontournable Tom Savini, qui s’est surtout fait connaître pour ses effets spéciaux maquillage sur plusieurs films d’horreur cultes comme Vendredi 13 ou Maniac pour ne citer qu'eux.
Pour évoquer l’atmosphère des années 1970, le directeur de la photographie Brett Jutkiewicz s’est inspiré de l’éclairage des films de cette époque, puis a utilisé des objectifs anamorphiques dont le rendu à l’image est plus doux et un peu rétro.