Oh mon Dieu que ce petit film fait du bien et développe une acuité folle sur les relations hommes/femmes dans nos sociétés, entre autres vérités. Et nous étonne plus que de raison maintes fois durant son déroulement. A la lecture du synopsis on se dit que nous allons découvrir une petite comédie romantique un peu osée puisque narrant la rencontre entre une sexagénaire et un escort boy. Il sera question de cela en effet, mais « Good luck to you, Leo Grande » a bien plus que cela à offrir. Et, durant une heure et demie, nous allons être surpris, ému, touché, interpellé et conquis par cette rencontre entre deux êtres que tout oppose entre les quatre murs d’une chambre d’hôtel. Car, étonnement, le long-métrage de Sophie Hyde est un quasi huis-clos séparé en quatre parties qui figurent les quatre rencontres entre les deux personnages principaux. Comme les étapes d’une histoire d’amour ou d’une partie de jambes en l’air en accéléré. Mais avec beaucoup de fond, de sincérité et de moments en complète apesanteur.
Le film se ressent un peu comme si tous les pas d’une relation sexuelle (autant que sentimentale ici) étaient parfaitement synthétisés en quatre-vingt-dix minutes. La rencontre, la découverte de l’autre, la mise en confiance, le lâcher prise, l’excitation, le passage à l’acte, la déception, le pardon, la réconciliation et l’apaisement. Tout cela parfaitement négocié par la grâce d’une mise en scène discrète et surtout de dialogues parfaitement écrits qui transpirent le vrai. A chaque sujet développé, on boit les paroles débitées par les deux protagonistes parfaitement campées par deux acteurs au firmament qu’on aimerait retrouver l’an prochain lors des cérémonies de récompenses. D’abord, la royale Emma Thompson qui ose tout et se met littéralement à nu dans tous les sens du terme et notamment lors de la scène finale, clairement une ode à la féminité des femmes mûres qui s’avère d’une beauté simple mais transcendante. En face, le presque inconnu Daryl McCormack irradie le film de son naturel charmeur et de son charisme incandescent. Un superbe duo de cinéma qui assène des vérités totalement en phase avec notre époque et ses vicissitudes sentimentales et sexuelles.
La force de « Good luck to you, Leo Grande” est que même lorsqu’un sujet abordé semble moins intéressant, le suivant nous cueille à nouveau dans un crescendo de tension sexuelle et romantique comme on en voit rarement. Si l’aspect théâtral de tout cela pourrait rebuter, on ne s’ennuie pourtant jamais, le film étant entrecoupé de moments de grâce comme cette danse improvisée ou encore lorsque Nancy découvre le corps de Leo. Lors de cette séquence addictive, sensuelle et sublime, on ressent complètement le désir ressenti par les deux protagonistes, il traverse l’écran. Il est possible que certains parti pris sur la prostitution masculine ou la sexualité des plus âgés dérange mais le propos est parfaitement assumé et en phase avec notre temps. Ce film est une petite perle, un océan de douceur mais aussi de réalisme sur la sexualité qui fait du bien. En plus, certaines répliques, tirades ou situations sont vraiment drôles, mais d’un humour simple et vrai. Un coup de cœur à découvrir de toute urgence.
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