‘L’exorciste du Vatican’ est un film d’horreur assez singulier, médiocre sur le papier mais pas si raté dans la pratique compte tenu du sous-genre auquel il appartient. Il est consacré au père Gabriele Amorth, exorciste officiel du Vatican de 1990 à sa mort en 2016 et personnage à la personnalité singulière que Russell Crowe s’est visiblement beaucoup amusé à incarner. Il s’agit donc d’un film qui s’approche de cette nouvelle tendance du cinéma d’horreur à se prendre un peu trop au sérieux, en se basant sur un personnage réel et en tentant de contextualiser ses actions dans son environnement culturel et son époque, un peu comme les ‘Dossiers Warren’. Il s’agit aussi et surtout d’un film d’exorcisme et, en ce qui me concerne, les films d’exorcisme sont la sous-catégorie la plus chiante du cinéma d’horreur. On sait d’instinct comment ça se passe, ça bave, ça griffe, ça a de la conjonctivite virulente, ça hurle des saloperies avec la voix de Batman puis le prêtre découvre un truc caché dans le passé et/ou dans les murs de la maison et Satan n’a plus qu’à aller posséder quelqu’un d’autre. Pas plus mal conçu qu’un autre à de niveau, ‘L’exorciste du Vatican’ s’avère donc un peu ennuyeux, un peu prévisible, il obéit aux mêmes clichés que tous les films d’exorcisme sortis ces quinze (ou ces trente) dernières années, que j’ai sûrement regardé et dont je ne conserve aucun souvenir. Cependant, c’est Julius Avery aux commandes : Avery n’est pas un grand réalisateur mais c’est un réalisateur généreux, qui ne filme que ce qu’il aurait envie de voir lui-même et, comme je l’ai constaté avec ‘Overlord’ et ‘Le samaritain’, le résultat ressemble souvent à ce que moi aussi j’ai envie de voir. A un moment donné, l’exorcisme monte dans les tours, le môme pète vraiment une durite, tout le machin s’emballe, Amorth a des hallus, explore les caves du monastère, tombe sur un complot délirant pendant que le pape fait un AVC à 2000 bornes de là. Tous ces excès, littéralement, sauvent le film du désastre. 'L'exorciste du Vatican’ reste un produit de consommation courante…mais c’est aussi, et c’est le plus paradoxal, peut-être le meilleur film d’exorcisme depuis ‘L’exorciste’ de William Friedkin il y a 50 ans.