Booder est né dans un petit village marocain le 13 août 1978, en plein été. Lorsqu'il est arrivé au monde, le médecin a dit à sa mère qu'"il ne passera pas l’hiver" en raison d’une complication respiratoire, d’un asthme prononcé et d’une bronchiolite aiguë. Le réalisateur/acteur/scénariste se rappelle :
"J’ai donc eu un début de vie assez tragique, mais mon père, qui travaillait en France à ce moment-là, ne s’est pas résigné : il s’est débrouillé pour nous faire venir à Paris et j’ai ainsi passé mes trois premières années à l’hôpital Necker pour enfants malades."
"C’est à cette occasion que j’ai découvert le métier de clown dans les hôpitaux. Trente ans plus tard, quand je suis devenu comédien et que j’ai commencé à rendre visite à mon tour aux enfants malades dans les hôpitaux, j’ai redécouvert ces clowns et j’ai eu envie d’écrire un film pour leur rendre hommage."
Au départ, Booder avait écrit des scènes éparses qu'il avait lui-même vécues, mais il lui fallait tout de même une professionnelle de l’écriture scénaristique à ses côtés. Il précise : "J’ai rencontré Gaëlle qui a été touchée par cette histoire et grâce au Covid, on a eu le temps d’échanger des idées et de confronter nos points de vue, et elle m’a apporté la force scénaristique de l’histoire qui me manquait. Ensuite, il m’a paru logique et naturel qu’elle soit coréalisatrice à mes côtés."
Durant tout le processus d'écriture, Booder était en contact avec un clown assez âgé qu'il a côtoyé pendant trois jours à l’hôpital Robert-Debré dans le 20ème arrondissement de Paris : "J’ai compris comment il fonctionnait et j’ai vu son innocence dans son regard et sa manière d’être", précise le cinéaste.
Booder ne voulait aucun comédien confirmé parce qu'il se disait que ce premier film s’inscrit dans un esprit de passage de relais : "Mais cela ne m’a pas empêché d’engager des gens extraordinaires, comme Fanny Dumont, formidable comédienne belge, qui joue l’infirmière."
"Ou encore Gérard Giroudon, qui campe Michel et qui est sociétaire de la Comédie Française. Au casting, j’ai été charmé par son regard, par sa manière de parler, et la complicité entre nous a été une évidence pendant les répétitions", confie le metteur en scène.
Booder n'a pas engagé d’enfants comédiens car il tenait à ce que les personnages du film dégagent quelque chose de "frais" : "Après un casting traditionnel, on a organisé des lectures et des ateliers pour qu’ils répètent les scènes une par une et pour que chacun sache précisément ce qu’il avait à faire sur le plateau."
"J’ai expliqué à chacun quel était son rôle et le contexte particulier du film : je leur ai parlé de ces enfants malades qui rêvent seulement de se tenir debout. Il fallait vraiment les accompagner et faire de la pédagogie et il était fondamental d’instaurer une complicité et un climat de rigolade avec eux", se souvient le cinéaste.
Dans Le Grand cirque, le traitement de la lumière n'est pas le même à l'hôpital que dans le monde extérieur. Un choix nécessaire pour apporter de la joie dans un espace qui, par définition, en est souvent dépourvu. À l’origine, Booder voulait tourner le film en noir et blanc, puis passer à la couleur uniquement au moment où Momo arrive à l’hôpital. Le réalisateur explique toutefois :
"On a changé notre fusil d’épaule tout en gardant un peu de cette inspiration, et Gaëlle a eu la formidable idée d’un traitement différencié des couleurs. C’est ce qui permet de dédramatiser l’univers de l’hôpital : on ne voulait pas de murs tout blancs. D’ailleurs, quand on va en service de leucémie ou de cancérologie, il y a plein de dessins et de couleurs, et ce n’est ni morose, ni lugubre."