Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Stella est amoureuse" et de son tournage !

Naissance du projet

Lorsque Sylvie Verheyde a tourné Stella en 2008, elle ne pensait pas écrire une suite. L’envie de ce premier film a été déclenchée par la scolarité de son fils, très différente de celle qu'elle a connue. La réalisatrice explique : "Je voulais montrer que, même en étant mauvaise élève, le lycée m’avait offert une ouverture sur le monde."

"Pour Stella est amoureuse, c’est encore en observant ce que vivait mon fils que j’ai eu envie de revenir sur mes propres pas. Aujourd’hui, on constate que le couperet qui sépare les ados et fait émerger les différences de classes sociales intervient après le bac, tandis qu’à mon époque, c’était au lycée que cela se faisait sentir."

"Il est vrai aussi qu’aujourd’hui il y a moins de mixité sociale dans les lycées parisiens que de mon temps. Dans Stella, je montrais donc une jeune fille qui apprenait les codes de la classe bourgeoise. Et dans sa suite, mon personnage ressent cette différence de classes sociales très fortement."

Ecriture du scénario

Sylvie Verheyde a écit le scénario avec son fils, William Wayolle. La cinéaste voulait confronter le regard de ce dernier sur sa jeunesse au sien : "Le paradoxe, c’est que Stella est amoureuse a tout par son sujet d’un premier film et, pourtant, je n’aurais pas pu le tourner ainsi plus tôt."

"Mon expérience de cinéma m’a permis de lui trouver sa forme dramaturgique. William a apporté sa spontanéité dans l’écriture des dialogues et a fait en sorte qu’ils soient vraisemblables pour l’époque. Il a aussi apporté de l’humour, de la distance et de la légèreté, qui me paraissaient nécessaires."

"Il a su ne pas adopter une position de surplomb face aux situations et aux personnages. Tout le projet consistait à se mettre dans la tête d’une adolescente qui vit les différents événements de sa vie avec la même intensité et sans hiérarchisation. Cet état d’esprit est intemporel."

Dédicace

Le film est dédié à la mère de Sylvie Verheyde : "Marina Foïs est très fidèle à ma mère dans ce film, alors que toutes les deux n’ont pas du tout le même parcours. La force des prolétaires est de savoir rire des situations délicates. Stella et sa mère sont des combattantes. Malgré les galères, elles avancent. Sa mère lui a transmis ça : c’est sa manière de tirer sa fille vers le haut. Ce film est aussi un hommage."

Les Bains Douches

Le monde souterrain que sont les Bains Douches est un univers où les barrières sociales sont abolies et où tout le monde joue un rôle. Au sein de cet environnement, le personnage de Stella peut se réinventer, comme l'explique Sylvie Verheyde : "Les Bains, dans les années 1980, attiraient toutes sortes de gens et de musiques – le rap, la new wave, etc."

"Progressivement, les boîtes se sont catégorisées et ont été fréquentées par des tribus. Je voulais montrer cette mixité, tous ces gens d’horizons différents qui se retrouvaient dans cet endroit, à cette époque. J’ai tourné aux Bains, dans le décor historique. On y voit donc le carrelage authentique au sol et aux murs. Pour moi, les Bains étaient un lieu magique."

"Mais je sais aussi que ça pouvait être un endroit glauque. La drogue y circulait et je l’évoque discrètement. Je voulais qu’on sente ce danger, contre lequel Stella est capable de se prémunir, ayant grandi dans un bar et ayant une idée aiguisée de ce que représente l’addiction."

Le titre ?

"J’ai toujours aimé les titres simples. Comme c’est un film où le drame est présent, je voulais un titre léger. J’ai pensé aux titres de Sagan, qui savent mêler profondeur, légèreté et élégance, et Stella est amoureuse s’est imposé."

Mise en scène

Pour rendre compte de l'aisance de Stella lorsqu'elle déambule dans la boîte de nuit, Sylvie Verheyde a opté pour des plans-séquences. La réalisatrice a cherché à montrer à quel point le personnage est dans son élément : "J’aime énormément la danse et il était très important pour moi de bien la filmer."

"Nous avons tourné aux Bains pendant le deuxième confinement : les gens n’avaient pas été en boîte depuis longtemps et j’ai bénéficié de l’intense énergie vitale qui émanait de chaque acteur et de chaque figurant. Techniquement, nous étions équipés d’un steadicam et d’une caméra à l’épaule."

Qui pour Stella ?

Pour le rôle-titre, Sylvie Verheyde a choisi Flavie Delangle, qu'elle a découverte grâce à son directeur de casting qui lui a montré Marlon, un court-métrage nommé aux César dans lequel elle joue : "Flavie vient de Reims et a beaucoup pratiqué la GRS."

"Elle avait une aisance avec son corps qui était précieuse pour le rôle. Le fait qu’elle ne soit pas parisienne l’a aidée à comprendre le décalage que ressent Stella. Et son expérience sur la série Skam lui a appris à tourner vite", confie la cinéaste, en ajoutant :

"Je savais que je pouvais compter sur son professionnalisme, ce qui lui a permis d’aider des actrices, qui, elles, débutaient. Ce fut très aisé entre nous. Flavie a compris le rôle instantanément. À partir d’elle, j’ai construit le groupe de copines."

Styliser l’image

Avec le directeur de la photographie Léo HinstinSylvie Verheyde s'est immergée dans l’iconographie des années 1980. Ils voulaient qu’un contraste se fasse sentir dans l’image entre les séquences au lycée et celles en boîte de nuit : "Ces séquences aux Bains scandent le récit et se différencient toutes par leur lumière, dont nous avons fait évoluer les couleurs."

"Stella découvre son désir, sa sexualité, et je voulais que dans la boîte, on sente ce mélange de ce qui séduit et fait peur à la fois. L’évolution du personnage se retrouve dans celle de l’image, qui progresse selon un code couleur : la première séquence en boîte, par exemple, où Stella découvre cet univers, a quelque chose de new-yorkais", raconte la réalisatrice.

Elle poursuit : "Celle où elle entre accompagnée de ses copines contient une dominante rouge et chaleureuse ; celle où elle cherche André vers la fin est plus inquiétante et composée de verts, etc. Là encore, il s’agit d’être toujours au plus près des perceptions et sensations de Stella."

Un ancien de la Nouvelle Star !

Dixon joue André, lequel tombe amoureux de l'héroïne. Sylvie Verheyde l'a repéré lors de l’émission La Nouvelle Star, à laquelle il participait et dans laquelle Benjamin Biolay faisait partie du jury. Même s'il s'est fait éliminer, ses reprises de "Ave Cesaria" de Stromae et de "Georgia On My Mind" de Ray Charles ne sont pas passées inaperçues... Réputé pour savoir dénicher les meilleurs talents, le célèbre rappeur Booba lui a ensuite proposé de signer un contrat sous son label 7 Corps, ce que le jeune homme à la voix suave a accepté.

La réalisatrice se rappelle : "J’ai découvert ce jeune garçon, qui chante très bien et qui s’avère aussi être un excellent danseur – ce que j’ai réalisé en parcourant son compte Instagram. J’aimais sa douceur, son élégance, que je trouvais parfaites pour interpréter André. André est noir, car c’est un fait autobiographique, mais ce qui m’amusait surtout – et c’est politique –, c’est qu’il soit le bourge dans mon histoire ! Stella se sent vraiment prolo face à lui lors de leurs premières discussions. Elle réalise que tout un pan de la culture lui échappe."

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