Thriller psychologique, écrit et réalisé par Mark Romanek, Photo Obsession est un très bon film. L'histoire nous fait suivre Seymour Sy Parrish, un homme employé dans un laboratoire de développement de photos dans un centre commercial. D'un naturel méticuleux, il est habitué à voir défiler les clients souhaitant développer leurs photos, étalant au passage au grand jour leurs vies privées. Mais une femme venant régulièrement déposer des pellicules l'intéresse en particulier car il s'identifie à sa vie de famille avec son mari et leur enfant. Sy qui est un solitaire, sans famille ni amis, s'imagine faire partie de leur famille parfaite dont il développe des doubles de chacun de leurs tirages. Mais il va totalement perdre pied le jour où il va se rendre compte que tout n'est pas rose au sein de cette famille de substitution. Ce scénario s'avère prenant à suivre de bout en bout de sa durée d'environ une heure et demie. On assiste pendant tout ce temps à une intrigue aussi inquiétante que touchante, montant en tension au fil des minutes. Le sujet de fond traité, à savoir le développement de photographies, est particulièrement intéressant et est très bien développé, même s'il était possible d'aller dans d'autres directions plus perverses. Mais en l'état, le récit se contente d'un voyeurisme restant moralement acceptable, le tout dans une ambiance froide et triste. En effet, on parvient à ressentir de l'empathie pour ce personnage étrange esseulé et au passé semble-t-il traumatisant. Ce dernier est parfaitement incarné par un Robin Williams totalement à contre-emploi. Pourtant, ce rôle lui sied à ravir tant son visage est capable de passer d'un sourire léger à une moue grave en une fraction de seconde. Il est entouré par une distribution comportant entre autre Connie Nielsen, Michael Vartan et Dylan Smith qui composent la famille de ses rêves, ainsi que Gary Cole et Eriq La Salle. Tous ces individus entretiennent des relations pleine de faux-semblants. Des échanges soutenus par des dialogues posés et gentils ne laissant rien transparaître. Sur la forme, la réalisation du cinéaste américain s'avère de qualité. Sa mise en scène joue parfaitement avec son sujet à travers certains plans et mouvements de caméras, en plus d'évoluer dans un environnement à l'aspect clinique assez déstabilisant. Ce visuel glaçant est accompagné par une b.o. aux compositions de grande qualité cosignée par Reinhold Heil et Johnny Klimek. Les notes impactantes du binôme, à la fois menaçantes et étouffantes, sont en totale symbiose avec le propos et l'action. Ce fantasme obsessionnel photographique s'achève sur une fin saisissante, venant mettre un terme à Photo Obsession, qui, en conclusion, est un long-métrage méritant grandement d'être découvert pour ses multiples qualités aussi bien scénaristiques que formelles.