Une histoire d’amour folle, comme le cinéma en offre peu fréquemment pour qu’on puisse s’en souvenir durablement.
« Decision To Leave », thriller sophistiqué, à l’esthétisme froid, nous rappelle la beauté d’un « In The Mood For Love ». Ce dernier titre, qu’on pourrait traduire par - humeur d’amour – s’accorderait bien au dernier film de Park Chan-Wook. L’histoire policière passe au second plan, pour laisser à l’écran exploser les sentiments amoureux, sur le devant de la toile.
Après la dernière image on ressort de la salle un peu étourdi, tant la dernière scène nous en met plein les yeux. Les vagues viennent submerger le sable à marée montante, dans un effacement des 2h18 qui viennent de s’écouler. Prix de la mise en scène à Cannes 2022, le film est beau, mais l’histoire alambiquée n’en demeure pas moins redoutablement efficace.
Il y a 6 ans, « Mademoiselle » du même réalisateur, était d’une grande beauté formelle. Mais pas que... sous les belles images, le vernis venait à craquer sous la violence sociale, d’une l’histoire tordue à souhait.
Il y a du ravissement dans l’écriture cinématographique de Park Chan-Wook. L’intrigue est ciselée dans un travail d’orfèvre. On retrouve dans « Decision To Leave », les grandes qualités du cinéaste.
Certains plans beaux et efficaces, viennent en mémoire nous faire revisiter, un certain nombre de chefs d’œuvre du 7ème art. Ils nous transportent dans « Kill Bill » de Tarantino. Ou encore, l’espionnage et l’élégance du policier, vient nous faire penser à un James Stewart dans « Fenêtre sur cour », tant l’homme devient excité par l’objet de ses observations.
L’intrigue policière prend des allures de romance dramatique. Et alors qu’on s’y attend le moins, une ironie s’invite sur le fil ténu du drame et du comique. Il y a du burlesque au hasard d’un plan, qui parfois m’a fait rire aux éclats.
Le film a commencé par une mort suspecte en haut d’une montagne, et se termine au bord de la mer dans un drame intimiste, sous les feux de l’amour. Il en fallait une grande maitrise et de l’audace au cinéaste, pour passer d’un genre à l’autre, avec une telle aisance dans un tout parfaitement cohérent.
Il y a de la grâce dans cette enquête criminelle sous haute tension érotique, qu’un baume à lèvre parvient à rendre sulfureuse.