Il y a quelques années, le réalisateur français Christian Carion avait proposé « Mon Garçon », un thriller avec Guillaume Canet qui était surtout une expérience de cinéma : tous les acteurs connaissaient le scénario à l’exception de Canet qui devait improviser son rôle dans un film tourné dans l’ordre chronologique des évènements. Le résultat avait été plutôt convaincant et, je ne sais pas trop pourquoi (si ce n’est pour tenter de mieux se faire connaitre à l’international) Carion a décidé de refaire le même film,
avec le même scénario
, de la même façon mais avec des comédiens britanniques. Forcément « My Son » fonctionne mieux si on n’a pas vu « Mon Garçon » ou alors si on a une mauvaise mémoire. Comme je me souvenais assez bien du film français, je savais déjà où le film allait m’emmener. Première chose, la photographie est soignée et la personne qui a fait les repérages à déniché des endroits à la fois très beaux, très sauvages et assez angoissants. Le film se situe dans les Highlands (dans la région des Lochs), la saison est hostile (pluie, froid, boue jamais de soleil) et tout cela apporte beaucoup au côté « oppressant » du film. « My Son » est assez court (1h36) et part bille en tête puisque le petit à déjà disparu lorsque le film commence. La musique appuie les effets, parfois un petit peu trop mais pour un thriller, j’ai vu (ou plutôt j’ai entendu) bien pire. Elle est omniprésente alors que dans mon souvenir, elle était quasi absente du film initial. C’est peut-être une concession que Christian Carion a du faire au cinéma anglo-saxon. Pas mal de scènes caméra à l’épaule, parfois même en caméra subjective, Carion utilise toute la palette a sa disposition, comme le hors champs quand c’est nécessaire (pour ne pas montrer quelque chose de violent, seulement le suggérer). Pas de flach backs, le film se déroule sur quelques jours, 2 ou 3 touts au plus et l’intrigue est limpide malgré les chausse-trappes et fausse pistes inévitables. Le spectateur n’en sachant jamais plus que le personnage d’Edward, on extrapole avec lui : tel type ne se comporte pas exactement comme on s’y attend, très vite il en fait un suspect, et nous avec. Le dénouement nous emmène vers une réalité bien plus simple et basique que certains passages du film laissent supposer.
Je suis un peu réservée sur ce dénouement, qui me semble jouer un tout petit peu trop sur la facilité et ce que j’ai envie de qualifier de « peur du grand méchant loup ». Un peu plus de subtilité n’aurait pas nuit au film, au contraire.
Reste que l’intrigue fonctionne, que jusqu’aux dernières minutes on ne décroche pas, le dernier quart d’heure étant toutefois assez hollywoodien. « My Son », du point de vue de l’intrigue, joue sur du velours : la disparition très inquiétante d’un enfant de 7 ans absolument adorable, la détresse de ses parents, l’impuissance qui rend fou, les rancœurs mal digérées qui ressurgissent entre eux à cette occasion, tout cela est hyper efficace mais hyper attendu : ça a déjà été fait 100 fois au cinéma, en littérature et parfois en bien mieux, reconnaissons-le. C’est dommage mais le film de Carion n’apporte pas grand chose au genre, pour ne pas dire rien. Au final il reste la composition de James McAvoy, qui est tout aussi puissante que l’était celle de Guillaume Canet. McAvoy est quasiment de toutes les scènes, presque de tous les plans et je le trouve convaincant en père maladroit et taiseux, à fleur de peau. Ce qui fonctionne c’est que son personnage est un type lambda, qui ne sait pas se battre, ne possède pas d’arme, ne sait pas mener une enquête (et on peu dire que pour un type complètement néophyte, il a du flair !) et qui se dépasse pour retrouver son petit garçon. Même si on peu émettre des (gros) bémols sur la crédibilité de l’intrigue, lui ne déçoit pas du tout. Claire Foy est un peu plus effacée (mais moins que dans le film original où Mélanie Laurent était complètement sacrifiée) mais son rôle est capital et elle le tient très bien. On peut souligner aussi la performance tout à fait convaincante de Gary Lewis en policier à l’accent écossais à couper au couteau (quand on voit le film en VOST, ça saute aux oreilles !), les autres rôles étant à la limite de la figuration, notamment Tom Cullen dont le personnage disparait un peu rapidement de l’intrigue. Faut-il aller voir « My Son » ? Pourquoi pas, sauf à se souvenir très bien de « Mon Garçon », auquel cas le côté thriller a suspens en prend un coup. C’est une séance de cinéma sympathique, qui vaut malgré tout davantage par l’expérience de son tournage que par l’originalité de son intrigue.