Certainement le meilleur film de David Lynch avec "Eraserhead", son long métrage le plus complet dans le traitement des thèmes abordés, le rêve, le dédoublement, la mise en abîmes et l'adultère. L'histoire, une femme (Laura Harring) est victime d'un accident sur une route perdue dans les hauteurs d'Hollywood, elle trouve refuge dans un appartement. Betty (Naomi Watts), elle, débarque émerveillée dans la cité des anges pour y passer une audition dans l'espoir de percer au cinéma. Le fameux appartement s'avère être celui de Betty, les deux femmes se lient d'amitié; en attendant de remonter la piste de l'accident, amnésique, cette inconnue prend temporairement le prénom de Rita. Dans le même temps, Adam (Justin Theroux) réalisateur en vogue, se retrouve contraint au chantage à recruter une actrice mystérieuse du nom de Camilla Rhodes. Diane fait forte impression à son audition et est invitée au casting du film de Adam, mais elle finie par prendre la fuite pour retrouver Rita. Les deux femmes deviennent amantes, mais au milieu de la nuit Rita se réveille avec une pulsion étrange, la découverte d'une mystérieuse boîte bleue dans son sac à main va alors bouleverser toute logique. Le film se divise clairement en deux parties, celle du rêve idéalisé du personnage de Naomi Watts et celle du réveil, amorcé par l'ouverture de la boîte bleue. La première partie laisse par intermittence place au mystère, comme cette scène extrêmement immersive du coffee-shop et de la première allusion au rêve éveillé et à la paranoïa. La vieille femme en noir venant frapper à la porte de l'appartement est annonciatrice de danger (comme l'homme mystérieux dans "Lost Highway" ou la voisine étrange dans "Inland Empire"), cela nous tient en haleine, ce qui rend le mystère encore plus captivant. Forcément la mise en scène est absolument fabuleuse et surréaliste (à l'image de la scène du café) et on a la parfaite illustration de la mise en abîmes lors de l'audition de Betty, des acteurs jouant des acteurs. A noter le petit clin d'œil 50's lors du cast de Adam, toujours ce côté rétro qui fait le charme de l'univers si particulier de Lynch. Le passage du théâtre Silencio est le point culminant de "Mulholland Drive", où tout n'est qu'illusion, la découverte de la boîte bleue dans la foulée va précipiter le retour à la réalité. On prend conscience du dédoublement entre les deux femmes, accentué par la perruque blonde de Rita, une fois la boîte ouverte la deuxième partie commence ... Les rôles s'en retrouvent inversés Betty/Diane n'est autre qu'une actrice ratée dans l'ombre de son ex-amante Rita/Camilla, tout les morceaux se recollent plus ou moins de manière cohérente, Lynch laissant un peu de place à l'interprétation du spectateur. Le thème de l'adultère devient omniprésent laissant le personnage de Watts dans la détresse la plus profonde, elle finira par se suicider sous la pression des démons de ses rêves de gloire, renvoyant à la découverte macabre du cadavre dans un appartement dans la première partie du film. Cette histoire est un tableau cruel et souvent idéalisé du destin hollywoodien, fait de fantasme et de désillusion. Le clochard à la boîte bleu, s'apparentant comme un Deus Ex Machina vient conclure le film, un dernier "Silencio" résonne comme un ultime soupir. Fin. Que faire d'autre que de crier au génie ? ... "Mulholland Drive" est un film juste exceptionnel, un très grand chef d'œuvre du cinéma, envoûtant, passionnel et inoubliable.