C’est l’histoire de ma rencontre avec le Cinéma.
2002. J’ai 23 ans et ne suis pas particulièrement cinéphile, mais je commence à demander de plus en plus fréquemment à mes parents de m’enregistrer sur VHS des films diffusés sur canal+.
Un jour, sur l’une d’elles, le nom d’une route qui surplombe Los Angeles. Je lance le film… Une musique envoutante et une voiture qui s’enfonce mystérieusement dans la nuit, je suis très vite fasciné et happé par cette atmosphère si particulière.
Puis tout s’enchaîne. Un accident, un couple de personnes âgées inquiétant, un restaurant à l’arrière-cour peu fréquentable, des producteurs menaçants, un téléphone qui sonne dans le vide, un réalisateur trompé, un corps putréfié dans un appartement, un cowboy clairvoyant…plus le film avance, plus l’incompréhension me gagne. Je me sens malgré tout étonnamment bien à me laisser porter par une narration que pourtant je ne maîtrise pas, notamment grâce à une bande originale signée A. Badalamenti, hypnotique à souhait.
Après 1h51, une boîte bleue, un trou noir et le choc... Un choc cinématographique qui va durer 30 minutes. 30 minutes durant lesquelles la perte de repères atteint son apogée, où tout ce que j’avais eu du mal à construire s’effondre, où tout m'échappe et fait sens à la fois. 30 minutes à l’issue desquelles je reste bouche bée devant un générique sans musique, sommé de me taire par un dernier “Silenzio” lancée par une créature de la nuit aux cheveux bleus.
Me taire pour ne pas laisser s’enfuir la magie du moment que je viens de vivre, me taire pour ne pas forcément chercher à tout expliquer, me taire et accepter d’avoir dû lâcher prise pour me laisser transpercé, foudroyé, secoué par cette oeuvre qui ne ressemblait à rien d’autre que je connaissais.
Je pense que depuis ce jour, ma passion pour le cinéma et les centaines de films que j’ai vus ensuite n’ont eu pour seul but que de retrouver les sensations et la sidération ressentis devant cette expérience cinématographique unique.
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