L’idée d’un long-métrage doté d’une histoire conjointe entre la France et sa voisine, l’Allemagne, avec qui elle entretient des relations d’amour et de haine depuis des siècles était plutôt attirante par son côté peu courant. Partenaire aussi bien économique que politique et culturel, ce « couple » de pays, comme aime à le souligner l’un des personnages, ne nous a pourtant pas gratifié de tant de films que cela en commun. Ce sera davantage des téléfilms par le biais de l’illustre et excellente chaîne hertzienne culturelle Arte. Avec « Langue étrangère », Claire Burger prend comme protagonistes deux jeunes lycéennes, l’une française et l’autre allemande donc, qui vont passer chacune un petit mois dans la famille de l’autre dans le cadre d’un échange dont les tenants et les aboutissants sont peu clarifiés (les familles semblent se connaître déjà et cela n’a pas l’air de rentrer dans le cadre d’un programme type Erasmus). Peu importe ce n’est pas le véritable sujet du film mais juste ce qui l’encadre.
Malheureusement, si le premier film en solo de la cinéaste (après un réalisé à quatre mains avec son amie Marie Amachoukeli, « Party Girl ») nous avait touché en plein cœur - il s’agissait du très beau drame familial avec Bouli Lanners, « C’est ça l’amour » - celui-ci nous emballe un peu moins. Pas qu’il soit mauvais, il démarre même très bien et capte notre attention sans peine mais il a tendance à parler de beaucoup trop de sujets pour les traiter tous de manière satisfaisante. Au mieux, il les investit de loin, au pire il les survole clairement. On a, en vrac, le poids du passé des deux pays, une romance lesbienne, deux crises familiales, la mythomanie en pathologie, le harcèlement scolaire et les tentatives de suicide qui vont avec, l’immigration, l’alcoolisme et les groupuscules d’extrême-gauche, ... Oui tout ça en un film de fiction! Bref, vous l’aurez compris le menu est un peu trop chargé pour une heure et demie de long-métrage. Et si ça passe plutôt bien dans la première partie en Allemagne (la plus intéressante et belle), cela devient un peu excessif dans la seconde en France à force de nouvelles couches thématiques.
Et le plus intéressant au final se retrouve, comme au sein de son premier film, dans les troubles familiaux des deux personnages. La cinéaste est douée pour sonder les problèmes de ce microcosme et elle aurait peut-être dû s’en tenir là avec cette relation franco-allemande en toile de fond. On apprécie en revanche particulièrement que l’homosexualité ne soit pas un sujet ici mais un fait avéré et éprouvé, preuve de la modernité de « Langue étrangère ». Également, certaines scènes de fête sont très immersives aidées par une bande originale électronique appropriée. Les deux jeunes interprètes sont impeccables de naturel et nous font croire à leur idylle entre amitié et romance tandis que pas mal de dialogues sur la société d’aujourd’hui des deux côtes de la frontière sont pertinents. Le film est donc plutôt agréable mais un peu trop gourmand pour totalement convaincre et emporter l’adhésion totalement, d’autant plus que l’épilogue en deux temps est raté.
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