Le Baiser de l'ours a été présenté en compétition à la 59e Mostra de Venise, en 2002.
Le Baiser de l'ours est la dernière apparition à l'écran de Sergei Bodrov Jr, le fils du cinéaste, dans le rôle de Misha. Le 20 septembre, peu après la projection du film à Venise, le comédien, qui a également réalisé un film, Sisters, est décédé dans une avalanche en septembre 2002, avec une centaine de personnes, alors qu'il tournait son deuxième long-métrage en Ossétie du Nord (Caucase russe). Il avait été vu dans d'autres films de son père, notamment Le Prisonnier du Caucase, ainsi que dans Est-Ouest de Régis Wargnier. Une semaine après la disparition de son fils, Sergei Bodrov venait présenter Le Baiser de l'ours au Festival de Hambourg.
Pleine lune... forêt de Sibérie. Un shaman danse près du feu. Je ne sais pas qui il est... un homme ou un animal. "Mon père était un ours" chante le shaman de sa voix très profonde. "Je change d'apparence." Né en Sibérie, j'ai pensé à cette histoire pendant de nombreuses années. L'été dernier, j'étais sur la route avec mes ours et mes acteurs, voyageant à travers l'Europe, de la Russie à l'Espagne. A la fin du voyage, je ne savais pas si l'histoire était vraie ou non. "Ce n'est pas un problème", m'a dit une bohémienne andalouse, "nous sommes habitués à ces histoires. J'ai aimé un homme autrefois. C'était un singe !" Et je me suis souvenu de la chanson du shaman. N'ayez pas peur de croire.
La distribution du Baiser de l'ours réunit le Russe Sergei Bodrov Jr, l'Allemand Joachim Krol, la Suédoise Rebecca Liljeberg (révélée par Fucking Amal), l'Anglais Keith Allen, sans oublier les apparitions de l'Espagnole Ariadna Gil et de l'Italien Silvio Orlando. Le film est une coproduction germano-hispano-franco-italienne réalisée en Espagne, en anglais, par le Russe Sergei Bodrov. Les musiques qu'on entend dans le film reflètent cette dimension cosmopolite du film.
Le réalisateur évoque les contraintes liées au travail avec les ours. "Nous avons fait tourner différentes bêtes dans le film et le dresseur d'ours, un Russe qui s'appelait Yuri Alexandrov, était formidable", raconte-t-il. "Au départ, nous avions prévu de tourner en août il y a deux ans, mais j'ai ensuite découvert qu'il n'y a pas d'oursons en automne. Partout dans le monde, les ours mettent bas à peu près à la même période et il n'y a aucun moyen de trouver des oursons "hors saison " ! Donc nous avons dû tourner les premières scènes du scénario au printemps (...) Nous avons commencé avec trois ours. Ils ont été élevés dans l'appartement de Yuri avec ses enfants et sa femme faisait la cuisine pour tout le monde !"
Ce film témoigne de la passion de Sergei Bodrov pour le cirque : "(...) Je voulais vraiment faire un film sur les gens du voyage. Et une histoire sur les gens qui voyagent vous amène au cirque. La Strada de Federico Fellini m'a bien entendu beaucoup influencé. Je connais bien le monde du cirque et j'ai plusieurs amis qui sont artistes de cirque. Lors du tournage du film, l'une des choses les plus agréables était que nous étions devenus nous-mêmes une sorte de cirque, voyageant d'un lieu à l'autre de l'Europe."
La légende qui est à l'origine du film est évoquée dans le générique du Baiser de l'ours sous la forme d'un film d'animation. "Sans cela", justifie le cinéaste,"il fallait des sous-titres ou une voix off pour mettre en place la légende de l'homme-ours. L'animation était une façon plus concise et plus éloquente de le faire."