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traversay1
3 560 abonnés
4 859 critiques
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4,0
Publiée le 12 septembre 2022
Avec Les bonnes étoiles, Hirokazu Kore-eda renoue avec les histoires de famille qu'il affectionne tant, surtout si elles se construisent hors des liens de sang. Le contexte coréen, avec ses "boîtes à bébés" destinées aux jeunes mères qui font le choix d'abandonner leur enfant peu après la naissance, offre au cinéaste japonais une variation sur un thème voisin de ses films précédents, à l'exception de son saut de côté français (La Vérité), où même s'il y est quand même question d'un homicide et de trafic d(être humain, Kore-eda poursuit son parcours sur un versant humaniste, avec une certaine légèreté pour atténuer les contours dramatiques de son sujet. "Merci d'être né" s'exclame l'héroïne du film dans la direction de ceux qui l'accompagnent dans ce road-trip funambule où le parcours de vie cabossé de chacun des protagonistes se dévoile au fur à mesure. Comme souvent chez le réalisateur, le mélodrame est plus que frôlé mais l'humour et la tendresse du film ainsi que la bienveillance accordée aux différents personnages, au-delà de tout jugement moral, sont source d'apaisement et de bonheur, aussi éphémère soient-ils. Branché sur des ondes positives, Les bonnes étoiles s'appuie aussi sur la qualité d'une interprétation sans faille, au sein de laquelle le grand Song Kang-ho (Memories of Murder, Parasite ...), impose son charisme tranquille, qui lui a valu le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes.
Une très sympathique comédie sociale que ce Les Bonnes étoiles, où l'on suit une drôle de famille "composée au pied levé" (entre le gamin bavard qui s'incruste, la mère qui veut vendre son enfant et les deux compères experts en vente d'enfants... Mais c'est quoi cette famille ?!) qui n'hésite pas à souligner le malaise coréen sur les adoptions d'enfants (comme bien d'autres pays, les homosexuels ou familles monoparentales ont beaucoup de mal à adopter, si on laisse un mot de retour avec l'enfant celui-ci n'est plus éligible à l'adoption et placé en centre d'accueil indéfiniment... On comprend un peu ces trafiquants d'enfants, qui permettent quand même au gamin d'avoir une famille). Song Kang-Ho aura obtenu la Palme d'Interprétation Masculine avec ce rôle (un brin d'incompréhension pour notre part, car il était mille fois meilleur dans Parasite, et cette année aurait dû couronner le jeune Eden Dambrine pour Close... Enfin, bref, le jour où l'on pourra remettre les prix...). Quand au périple en lui-même, on ne s'ennuie jamais, on sourit même des péripéties que rencontre cette troupe rigolote (le coup du policier, on a bien ri), on s'attendrit vite face au "bébé qui n'a pas de sourcils" (hilarant running-gag !) et on comprend bien le message sur le système d'adoption maladif en Corée (et dans la plupart des pays...). Malgré les bons sentiments à la fin, on ressort de la séance heureux, sûr d'avoir vu un charmant film de famille, sans aucun lien du sang...et alors ?! Allez, embarquez dans cette voiture-pressing remplie de gens fracassés par la vie, vous ne serez pas déçu du voyage !