J'adore ce que vous faites : les secrets du tournage

Philippe Guillard souhaitait depuis longtemps faire un film autour de la notion de popularité, le réalisateur ayant lui-même été confronté à cette problématique lorsqu'il travaillait pour Canal+ en tant que journaliste sportif, après sa carrière de rugbyman. Quelques années après, il est devenu cinéaste et a beaucoup accompagné Gérard Lanvin en promo : 

"La plus belle histoire que j’ai eue avec Gérard est celle du Stade de France. Nous étions allés voir un match de rugby. L’équipe de France avait gagné. Par peur d’un cirque à la sortie, Gérard avait voulu partir cinq minutes avant tout le monde pour pouvoir prendre tranquillement un taxi. Il sort, attend, pas de taxi à l’horizon. L’enfer !

"Des policiers arrivent, le reconnaissent, et lui proposent d’arrêter une voiture qui le raccompagnera à une porte de Paris. Ils hèlent, au hasard, un véhicule. À bord, quatre mecs, qui n’en mènent pas large. Manifestement pas très clairs, ils pensent être tombés sur un contrôle de police.

Soulagés par la requête des policiers, ils acceptent de prendre Gérard, sans le reconnaître sur le moment, et démarrent comme s’ils avaient le diable aux trousses, en trombe, comme dans un polar ! Quand ils ont reconnu Gérard, ils ont voulu passer dans leur quartier pour montrer à leurs potes qui était dans leur voiture..."

"Au fur et à mesure que Gérard me l’a racontée, j’ai visualisé la scène. Elle a été le déclic de mon scénario", se rappelle le metteur en scène.

Philippe Guillard a fait tourner Gérard Lanvin dans Le Fils à Jo (2011) et Papi-Sitter (2020). Par ailleurs, le réalisateur a oeuvré sur les scénarios des comédies 3 zéros (2002) et Camping (2006), dans lesquelles a joué le comédien.

Philippe Guillard voulait faire un film dans la tradition de ces comédies à la française qui fonctionnent sur le principe du tandem désassorti, comme L'Emmerdeur de Edouard Molinaro ou Le Boulet de Alain Berberian et Frédéric Forestier. A ceci près que l’un des deux (la vedette) allait jouer son propre rôle.

"Grâce à la série Dix pour cent de Dominique Besnehard, qui est géniale, cela pouvait s’envisager. Sauf que là, ce n’est pas une histoire avec des agents, mais avec des personnages de la vie normale. J’aurais dû l’appeler « Quatre Vingt Dix Pour Cent » en fait ! (Rires)", précise l'ancien rugbyman.

Quand Philippe Guillard imaginait les scènes entre Gérard Lanvin et Momo, il pensait au François Pignon (Jacques Villeret) du Dîner de cons : "Assez bizarrement, je ne projetais sur Momo aucun acteur d’aujourd’hui. Et puis, l’heure de la distribution a sonné. Je n’avais toujours pas d’idée précise, mais face à Gérard, il allait falloir une pointure qui joue sur le même genre de terrain que lui. Je connaissais Artus mais je n’avais pas tout vu de lui."

"Je suis allé sur internet et j’ai instantanément compris qu’il était le Momo idéal. Carrure, présence, bagout, humour, sympathie... Artus cochait toutes les cases, même celle d’avoir pratiqué passionnément le rugby jusqu’à l’âge de 18 ans (ce qui pour moi n’était pas qu’un détail) ! Je l’ai appelé, on s’est vu, on a bu pas mal de bières, on s’est plu et on s’est entendu", se souvient le cinéaste.

Qu'il s'agisse de comédies, de drames ou de thrillers, la relation fan / idole est une thématique qui a nourri de nombreux films. Parmi eux, nous pouvons mentionner Misery, Last Action Hero, Jean-Philippe, Elle l'adore, Le Fan ou encore Mon idole, premier film de Guillaume Canet.

J'adore ce que vous faites est le premier film de Philippe Guillard qui ne traite pas de sport. Le metteur en scène explique : "J'adore ce que vous faites a été pour moi une parenthèse. Aussi enchantée qu’elle l’ait été, je compte bien revenir à ce qui me constitue. Je suis un ancien rugbyman, mon prochain film parlera de rugby. Après tout, mon copain Olivier Marchal, qui a été flic, ne fait que des films de flics. Ça ne lui a pas si mal réussi. Il faut toujours tenir compte de son ADN."

Avec J'adore ce que vous faites, l'humoriste Artus trouve son premier rôle principal au cinéma : "Le cinéma n’est entré dans ma vie qu’en 2018. Sur le plan professionnel, il m’a fait un bien fou parce que venant du stand-up (où on est seul en scène), j’ai appris grâce à lui le plaisir de jouer avec les autres. Plus les mois ont passé, plus on m’a proposé des rôles et plus j’en ai acceptés. Cinq, pour la seule année 2020. Ces expériences m’ont donné de l’assurance et de la technique."

"J’ai eu de moins en moins peur, de plus en plus de bonheur. Mais je ne jouais que des personnages secondaires. Avec J'adore ce que vous faites, la donne a changé. Avoir un premier rôle est une grande responsabilité. On se sent plus impliqué", confie le comédien.

A noter également qu'un autre long métrage avec une grande star jouant son propre rôle sort à la même période que J'adore ce que vous faites : il s'agit de Un talent en or massif, porté par Nicolas Cage.