Luca est le premier long-métrage du réalisateur Enrico Casarosa et 24e film d’animation du studio Pixar. Luca nous raconte l’histoire d’un jeune monstre marin adolescent qui va faire une rencontre, celle d’un autre garçon prénommé Alberto – monstre marin lui aussi – dans une région dénommée les Cinq-Terres se situant en Italie, entre les années 50’s et 60’s. C’est l’été, une saison où tout est possible et où l’envie de liberté est très présente. Grâce à son ami, Luca va se rendre compte que lorsqu’il sort de l’eau il adopte une forme humaine. C’est ainsi que nos deux compères vont découvrir un nouvel arbre des possibles et vont se mêlés à la vie de la population d’un petit village pour vivre le plus bel été de leur vie… De prime abord, le scénario de Jesse Andrews et Mike Jones peut sembler être une recette simple. Et pour preuve la narration est épurée à son plus simple appareil pour mieux s’adresser à l’esprit familial. Luca n’entend clairement pas pousser dans ses derniers retranchements le cadre conceptuel permis par l’animation mais se rapproche plus d’un esprit grand publique. Et on le comprendra très vite. La formule s’étalant très rapidement dans ses premières minutes et ne nous offre pas de réelle grande surprise, au point qu’une fois passé le premier acte du film l’on devine déjà le climax émotionnel très schématique. Dans sa structure, le scénario du film est assez classique et devient très vite une mécanique bien huilée et le tout s’enchaîne sans aucun temps mort sur un chemin très balisé, mais tellement charmant et ce principalement grâce à son cadre et son ambiance estivale italienne.
La traditionnelle thématique de l’apprentissage de l’acceptation de la différence de l’autre est bien présente. Une thématique récurrente chez Pixar. Le côté très conforme du long-métrage pourrait alourdir la fraîcheur évidente du récit, mais la temporalité solaire et la douceur émanant de cette parenthèse enchantée, nous force à constater rapidement que ce retour à la simplicité donne une certaine efficacité à cette chronique estivale et enfantine, qui nous emmène dans une ambiance très vacancière et pleine de fraîcheur. L’habituelle puissance technique de la firme est bien présente et sa mise en scène originale mais sobre est là pour nous permettre de mieux croquer l’insouciance des périodes estivales. Convenu mais agréablement magique et quelquefois féerique, l’univers développé présente une exceptionnelle peinture d’une Italie intemporelle, tout droit sortie des images d’Épinal. Et c’est probablement ce qui joue aussi à rendre le film très attachant. Sans oublier le cadre et le décor du village en lui-même, ainsi que celui du monde aquatique très réussi également, bien qu’en demi-teinte à côté du village. Mais c’est une chose certainement voulue car notre héros Luca est censé être attiré par le monde des humains, qu’il trouve beaucoup plus attirant que son monde sous-marin, il est donc logique que le monde des humains représenté par ce magnifique village, soit plus coloré. Le dépaysement est total et garanti. D’ailleurs, la superbe direction artistique qui donne vie à cet environnement franchement idyllique, fera naître dans le cœur du spectateur une irrépressible envie d’aller piquer une tête avec nos deux compères. S’inspirant vaguement du folklore local, l’univers dépeint sous nos yeux devient instantanément irrésistible grâce son cadre où l’on se plaît aisément à suivre les mésaventures de nos deux héros. Le film résonne comme une parfaite définition des vacances. Nous sommes littéralement transportés dans une jolie bulle spatiotemporelle et rayonnante comme le soleil et nous serons attendris régulièrement par l’ambiance générale bienveillante. Le film nous offre également une sympathique pastiche de la gestuelle et des tournures de phrases des Italiens, mais sans jamais tomber dans la caricature outrancière. L’aspect graphique et visuel du film n’est évidemment pas en reste non plus, l’on ressent d’ailleurs à de nombreux moments une influence évidente de l’imaginaire venu de certains films des studios Ghibli et je pense particulièrement à un autre film d’animation qui me tient à cœur, un certain Porco Rosso réalisé par Hayao Miyazaki. Les décors lorgnent souvent vers un photoréalisme saisissant et les paysages appuient également fortement le côté poétique. Le très bel aspect visuel du film réussi extrêmement bien à retranscrire l’ambiance estivale de ce petit village si charmant. On se croirait vraiment en plein cœur d’un été italien. Les couleurs sont toujours vives et chatoyantes et la configuration des lieux permet d’assister à beaucoup d’événements pleins de rebondissements. L’animation est également très belle. Le travail fait sur le monde marin, le village et les métamorphoses en monstres, sont réalisées avec une belle maîtrise. Le travail sur les décors est vraiment très soigné également et relève d’un vrai travail d’orfèvre. D’ailleurs, de l’aveu même du réalisateur s’est inspiré d’un petit village italien aux abords de la Riviera où il avait l’habitude de passer ses vacances avec ses parents lorsqu’il était enfant. Mais il y a aussi la très belle musique du film qui permet également d’appuyer très fortement sur le parfum d’été et de vacances qui flottent sur le long-métrage. C’est dans une ambiance générale très estivale que nous sommes plongés et le film nous offre sans cesse de nombreux jolis moments poétiques et colorés, qui sont toujours un réel délice pour les yeux. Appliquant parfaitement la formule Pixar à la lettre et même si l’impression de déjà vu est persistante, le film sent tellement bon les vacances que l’on oublie vite cet aspect « classique » pour simplement se laisser porter par cette formidable aventure. En bref ! Luca est un très bon film d’animation qui s’adresse à tout le monde et réussi parfaitement à divertir. Avec son histoire à la fois drôle et touchante, qui parle de la famille, de l’amitié et de la tolérance tout en nous dépeignant des personnages fortement attachants, il est évident que chacun trouvera son plaisir devant ce long-métrage plein de charme et de poésie. Mais le film, fonctionne avant tout par son écriture minutieuse et à ses dialogues particulièrement drôles, ainsi que grâce aux différentes situations qui permettront la transformation homme/poisson des personnages. Malgré son classicisme évident, Luca n’en reste pas moins à bijou d’animation. Un film qui donne clairement envie de voyager, de découvrir d’autres cultures et surtout d’aimer faire des rencontres. Et bien sûr de manger de la cuisine italienne et de rouler en vespa !