Là où chantent les écrevisses est tiré du roman du même nom de Delia Owens, sorti en 2018 et vendu à 12 millions d’exemplaires dans le monde. Il s’agit du premier ouvrage de fiction d’Owens, qui est zoologiste de formation et a publié auparavant avec son ex-mari trois livres de non-fiction consacrés à la faune du parc national de Luangwa Nord en Zambie.
Outre sa carrière d’actrice, Reese Witherspoon est également une productrice influente, à la tête de la société Hello Sunshine. Elle a eu un véritable coup de cœur pour le roman de Delia Owens, qu’elle a dévoré en un jour : « Je suis tombée amoureuse du personnage de Kya, cette petite fille qui grandit dans un milieu profondément rural, exclue de la société, et qui cherche un moyen de s’en sortir, de survivre. Les relations qu’elle vit avec deux hommes sont à la fois bouleversantes et terrifiantes. Delia Owens a écrit ce livre avec tant de sincérité qu’on comprend tout de suite qu’elle est issue d’un tel milieu. » Elle l’a même sélectionné pour son très populaire club de lecture, grâce auquel elle met en avant chaque mois des récits et des vécus de femmes. Un coup de projecteur qui a permis au livre d’être propulsé en tête des ventes.
La chanteuse américaine a composé le titre Carolina pour la bande-originale du film. Elle a utilisé des instruments datant de l’époque à laquelle se déroule l’histoire : « Le livre m’a totalement habitée. Quand j’ai eu vent qu’un film était en préparation, avec l’incroyable Daisy Edgar-Jones et produit par la brillante Reese Witherspoon, j’ai immédiatement voulu en être, musicalement. J’ai écrit Carolina seule, et j’ai demandé à mon ami Aaron Dessner de le produire. J’ai voulu composer une chanson envoûtante et éthérée qui ferait écho à cette troublante histoire. »
Pour écrire son roman, Delia Owens s’est inspirée de sa propre enfance : « Dès mon plus jeune âge, ma mère m’encourageait à m’aventurer dans ces bois. Elle voulait qu’on aille aussi loin que l’on pouvait. C’est ma mère qui disait : "Allez loin, là où chantent les écrevisses." Bien sûr, les écrevisses ne chantent pas, mais ce qu’elle entendait par là, c’est qu’elle voulait qu’on appréhende la nature par elle-même. Si on s’aventure assez loin dans un milieu sauvage, par soi-même, jusqu’à se retrouver seul avec la nature, on entendra chanter les écrevisses. »
À l’instar de son book club, qui met en avant des auteures et des récits portés par des personnages féminins, Reese Witherspoon a constitué avec sa société Hello Sunshine une équipe créative exclusivement féminine et une équipe technique qui l’est majoritairement pour travailler sur Là où chantent les écrevisses. Ainsi, autour de la réalisatrice Olivia Newman, on trouve la scénariste Lucy Alibar, les productrices Reese Witherspoon, Lauren Neustadter et Elizabeth Gabler, les productrices déléguées Rhonda Fehr et Betsy Danbury, Polly Morgan à la photographie, Sue Chan aux décors et Mirren Gordon-Crozier aux costumes. Newman explique : « Je n’y pense pas forcément au départ quand je me lance dans un film, mais ça arrive souvent, naturellement. Je m’assure qu’il y ait de la diversité. À partir de là, on choisit des personnes qui partagent notre point de vue, et il se trouve que ce sont principalement des femmes. Cette dominante féminine est peut-être aussi une des raisons qui les a attirées vers le projet. Je l’ignore. Pour moi, elles sont simplement les plus qualifiées pour le travail requis. »
Originaire de Londres, Daisy Edgar-Jones a dû acquérir toutes les spécificités qui font Kya : sa force et son agilité physiques, sa maîtrise du canotage dans les marais, son talent pour la peinture et le dessin, et son accent de Caroline du Nord. Pour ce dernier élément, l’actrice a travaillé avec la répétitrice Francie Brown pour parvenir à dissimuler son accent londonien et apprendre à parler comme une femme du Sud des États-Unis des années 60. Pour développer la fibre artistique de son personnage, la comédienne s’est entraînée à manier crayons et pinceaux aux côtés de la directrice artistique du film Kirby Feagan, qui a signé la majorité des œuvres attribuées à Kya.
Le film été filmé en décors naturels aux alentours de la Nouvelle-Orléans, en Floride. Les lieux ont été choisis pour la grande diversité de marais et de marécages qu’ils offraient, ainsi que pour la proximité de la petite ville de Houma, située à 80 km au sud-est de la Nouvelle-Orléans, qui a servi de doublure à Barkley Cove.
Afin de faire pénétrer l’atmosphère du marais dans la cabane, l’équipe a décidé de construire l’intégralité de la cabane sur place et de tout tourner en décors naturels, plutôt qu’en studio. « On a trouvé beaucoup d’exemples et de détails de construction de cabanes de bord de mer en Caroline du Nord. C’était notre point de départ. On a aussi longuement réfléchi à la disposition des pièces, à partir des descriptions de la maison dans le livre, et des besoins d’Olivia pour chaque scène », explique la cheffe décoratrice Sue Chan. « Ça a l’air plus vrai que nature parce que c’est fait avec d’authentiques matériaux, ce qui contribue aussi à raconter cette histoire », souligne Kirby Feagan, la directrice artistique. Après de nombreux repérages, l’équipe a trouvé le décor idéal pour bâtir la cabane dans le parc Fairview-Riverside à 3 km de Madisonville, en bordure de la rivière Tchefuncte, sur une lagune nichée sous une canopée de cyprès et de chênes verts.
La bande originale du film a été composée par Mychael Danna, oscarisé pour L’Odyssée de Pi. Le compositeur a eu l’idée d’utiliser des coquillages comme base de sa partition : « J’ai trouvé un musicien formidable qui collectionne toutes sortes de coquilles, de conques et autres instruments naturels qu’on peut trouver dans la mer, et il en joue comme on en joue depuis la nuit des temps dans différentes parties du monde. En soufflant dedans, il en sort un son primordial, profond et envoûtant qui correspond à la voix primitive du marais. » Il a mêlé ces sons ancestraux aux instruments traditionnels de la région, comme le banjo, le violon et l’autoharpe.