Tout comme pour son long-métrage précédent, l'excellent Noces, Stephan Streker s'est inspiré d'un fait divers (de 2013) pour L'ennemi. Mais avec moins de réussite cette fois-ci, que ce soit dans la construction de l'intrigie, avec des flashbacks nombreux qui donnent une impression de répétition agaçante, ou dans ses différents aspects qui se multiplient sans donner une quelconque unité. L'ennemi essaie de traiter de nombreux sujets sans parvenir à en approfondir un seul : la relation toxique au sein d'un couple, la vie carcérale, les errements de la justice, le fonctionnement de la démocratie belge, au sein d'un pays partagé entre deux communautés linguistiques qui ne se comprennent pas. Cela fait beaucoup pour ce portrait d'un homme dont on ne sait s'il est meurtrier ou non et qui divise l'opinion publique aussi bien que le tribunal qui le juge. Quoi qu'il en soit, et même au bénéfice du doute, ce personnage, peu sympathique au demeurant, est impossible à cerner et le film ne fait rien pour lui donner une personnalité marquante. Ce n'est vraiment pas la faute de Jérémie Renier, pourtant, impeccable une fois encore, dans un rôle complexe. Mais la vraie éclaircie de L'ennemi c'est bien la solaire Alma Jodorowsky (oui, la petite-fille de) que l'on aurait aimé voir plus longuement et dont on peut rêver, pour elle, à l'avenir, d'incarner un vrai personnage romanesque qu'elle ne fait qu'amorcer dans le film de Stephan Streker.