Madres Paralelas, nouveau film du célèbre Pedro Almodovar, revient sur ses thèmes de prédilection, la maternité et les femmes fortes. Que penser de cette toile ?
C’est une réussite, tout d’abord dans le choix et le jeu des deux actrices principales, qui prennent à elles seules 80% du temps d’écran, dont bien 50% pour Pénélope Cruz seule, qui en plus d’être toujours aussi belle, nous offre une performance d’actrice intense et touchante, peut être l’une des meilleures de sa filmographie.
Son personnage, Janis, est une femme d’âge mur, forte, indépendante et en phase avec elle-même, elle assume chacune des épreuves mises sur sa route avec la résilience des esprits les plus résistants.
Sa partenaire à l’écran, la jeune Milena Smit, que je ne connaissais pas, est brillante dans ce rôle de jeune fille brisée par une épreuve inattendue, qui prendra en assurance et en indépendance au fur et à mesure de l’intrigue.
L’intrigue, parlons-en, du moins les intrigues. Il y a tout d’abord l’histoire croisée entre Janis et Ana qui prend les ¾ du film, et qui est de loin la plus intéressante, s’ajoute à cela une autre intrigue autour de la guerre d’Espagne et des ancêtres de Janis, si cette partie de l’histoire est aussi intéressante, elle vient malheureusement parasiter la première à un moment clé.
Nous aurions voulu avoir une vraie fin à la relation entre Janis et Ana, mais l’excavation vient balayer cette partie du récit, et nous n’aurons pas de conclusion satisfaisante à cette romance aussi belle que tragique, qui nous tenait en haleine depuis le début du film.
Finalement, l’excavation ne semble être qu’un MacGuffin pour utiliser le personnage d’Arturo, bien interprété par Israel Elejade. Le reste de la distribution est également excellent, notamment Rossi de Palma qui a un petit rôle, mais surtout Aitana Sanchez-Gijon, qui est excellente dans le rôle de Teresa.
Le cadrage du film est étonnant, certains plans rapprochés sont filmés pratiquement de face, comme si le personnage s’adressait directement à nous. Un autre choix m’a frappé, et c’est au niveau de la photographie, absolument tout le film, de a à z, est net. Tout est net, tout le temps, sur tous les plans, cela aplatit totalement l’image, c’est personnellement un choix qui contraste selon moi avec l’intensité supposée de l’histoire de Janis, où l’on aurait aimé avoir plus de profondeur de champ pour saisir avec encore plus de détails sur les visages des acteurs. Les fondues au noir font quant à eux très téléfilm, mais ils ne m’ont pas choqué.
En conclusion, Madres Paralelas est donc un bon film d’Almodovar, qui aurait pu être excellent si le réalisateur avait poussé l’intrigue et la relation entre les deux héroïnes jusque dans ses retranchements, c’est un peu frustrant car l’on n’est sans doute pas passé loin d’un chef-d’œuvre.
Néanmoins, je vous conseille tout de même de le voir séance tenante pour profiter de l’immense jeu d’actrice que nous offre l’immense Señora Pénélope Cruz.