Arnold de Parscau est fasciné par le roman "Martin Eden" de Jack London. Alors que le réalisateur était à la recherche d’un sujet pour écrire un nouveau film, il a imaginé transposer sa vision de cette histoire tout en parlant d'un thème qui l'anime particulièrement : la musique. Il raconte :
"Raconter cette histoire à Bali permet de mettre en exergue le choc de deux cultures radicalement différentes. En évoquant une histoire d’amour entre une jeune femme issue d’une famille aisée, expatriée à Bali, et un jeune Balinais ignorant tout de la culture occidentale, j’ai eu le désir de plonger le spectateur dans un univers encore peu exploité au cinéma. Celui d’une "Ile des Dieux", qui voit peu à peu ses paysages paradisiaques de rizières, montagnes, volcans et plages, disparaître sous le béton des villas et hôtels de luxe."
Arnold de Parscau est un réalisateur français de 31 ans, remarqué en 2011 pour son clip de la chanson "Good Day Today", composée par David Lynch. Il a réalisé son premier long métrage Ablations à l’âge de 24 ans, sorti en salles en 2014. Arnold a également écrit et réalisé un moyen métrage en 2014 (Le Domaine des étriqués) et trois courts métrages dont Tommy qui a remporté plusieurs prix. Depuis 2012, Arnold travaille pour la chaîne Canal + en tant que réalisateur.
Arnold de Parscau a été bercé par la musique classique depuis son enfance, ses parents étant férus de cet art depuis toujours et sa soeur étant pianiste. Il confie : "J’ai vraiment eu l’envie de construire le film autour de la musique, qu’elle soit un personnage à part entière. Nous avons travaillé dès la genèse du scénario sur la musique avec mon compositeur Cyrille Marchesseau, pour imaginer les morceaux que le personnage d’Eka pourrait avoir composés, tout en suivant son évolution et celle de sa carrière de musicien. Les deux comédiens principaux ont ainsi pu apprendre les morceaux qu’ils interprètent dans le film pour s’imprégner de la gestuelle et de la position sur le clavier."
Hari Santika, l'acteur principal, ne connaissait pas du tout le monde du cinéma avant de jouer dans Une barque sur l'océan. Comme dans le film, il exerce dans la vie différents métiers (ce qui est monnaie courante à Bali). Arnold de Parscau l'a rencontré suite à un casting sur Instagram : il n’a d’abord pas cru à la proposition du cinéaste, pensant à une blague, mais il s’est ensuite très vite pris au jeu. Le réalisateur raconte :
"Tout était très nouveau pour lui, il a donc appris le métier d’acteur jour après jour. Il était tout de suite très naturel dans sa langue natale, qui est le balinais. Je devais donc lui faire jouer toutes ces scènes sans moi-même les comprendre. Mais au fil des jours, connaissant le scénario par coeur, j’étais capable d’identifier quand il faisait une erreur en Balinais et donc nous arrivions à échanger plus facilement sur mes intentions et ses propositions."
Lorsqu'il avait 12 ans, Arnold de Parscau a eu la chance de passer un an en Asie et se plonger dans la culture asiatique au plus près des habitants locaux. Depuis, il est souvent reparti sur ce continent et connaît bien l'Ile de Bali pour y avoir passé de nombreuses semaines lors de l’écriture du film. Le metteur en scène se rappelle :
"Je n’avais pas envie de raconter cette histoire en France, je trouvais plus intéressant d’ajouter la notion de choc des cultures. Le personnage d’Eka m’intéressait d’autant plus car au début du film, il n’a absolument jamais entendu de musique classique, il ne connait que la musique de son pays, ce qui n’aurait pas été crédible en Occident. Et l’île des Dieux a tellement de beautés à nous offrir pour un tournage que c’était un réel privilège de tourner ce film là-bas."
Le rôle de Margaux a été difficile à trouver. Arnold de Parscau a casté un très grand nombre de comédiennes mais n'arrivait pas à identifier la Margaux qu'il cherchait. "Lorsque Dorcas a été auditionnée, nous avons tout de suite flashé, la productrice et moi. C’était elle ! Quant à Jean-Pol Brissart, j’avais déjà tourné avec lui quelques années auparavant et l’avais trouvé impressionnant de justesse. Et je ne connaissais pas du tout Colette mais elle m’avait envoyé sa bande-démo peu de temps avant, et j’ai tout de suite accroché", confie-t-il.
Le plus difficile pour Hari Santika a été de jouer une grande partie du film en langue anglaise. "Il a beaucoup travaillé pour parvenir à interpréter son rôle en anglais, avec l’aide de Dorcas notamment, qui l’a beaucoup soutenu", se souvient Arnold de Parscau.
Pour financer Une baraque sur l'océan, Arnold de Parscau a eu recours au Crowdfunding, un financement participatif permettant de produire un film en s'affranchissant des dictats des chaînes de télé ou des subventions. Il explique :
"Nous avons investi toute notre énergie et notre passion depuis quatre ans, début de l’écriture du scénario, pour que ce film existe. Je ne voulais donc pas faire trop de concessions. D’autre part, l’idée de tourner un long métrage avec un microbudget ressemblait davantage à une expédition vers l’inconnu, qu’un tournage classique aux risques maîtrisés. Nous avons tout tourné en équipe ultra-réduite. Grâce à une si petite équipe, il nous a été possible de nous immiscer au cœur de la culture balinaise, avec la discrétion d’une équipe de documentaire, mais avec les intentions d’un film de fiction."
Arnold de Parscau possède un réseau important de connaissances à Bali, qu'il a utilisé pour trouver les acteurs d'Une baraque sur l'océan. Il était à la recherche d'amateurs et a donc passé beaucoup de temps à rencontrer des personnes qui étaient intéressées pour jouer dans le film :
"Nous avons écumé les cafés et les restaurants pour chercher des visages intéressants. Elisza, qui joue la soeur d’Eka, nous a été présentée par exemple par un ami expatrié à Bali. Elle avait exactement le physique que nous cherchions et elle a très vite compris l’implication qu’allait demander ce travail. Cela a été un réel plaisir de travailler avec tous ces jeunes amateurs qui découvraient la vie d’un tournage au jour le jour. Il y a également quelques petits rôles qui ont été trouvé au tout dernier moment, jouant leur propre rôle ou bien amenés par Hari et ses amis. Les deux amis d’Eka dans le film sont d’ailleurs joués par les vrais amis d’Hari."