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    Désordres
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    traversay1
    traversay1

    3 623 abonnés 4 872 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 2 mars 2022
    Le zurichois Cyril Schäublin s'affirme comme un cinéaste singulier avec Unrueh qui avait été précédé du très intrigant Those who are fine. Son premier film était urbain et contemporain, son second est rural, situé dans la vallée de Saint-Imier, aux alentours de 1870. La région est occupée par des fermiers et des usines horlogères, dans l'une desquelles travaille Joséphine, l'une des protagonistes principaux de Unrueh. Cette ouvrière va se laisser tenter par le mouvement anarchiste et rencontrer un certain Piotr Kropotkine, alors en Suisse pour des travaux de cartographie. Mais le scénario, assez diffus et parfois opaque quant à ses intentions, passe au second plan derrière une forme minimaliste où les personnages sont assez souvent à la limite du cadre, tandis que les dialogues, chuchotés, en russe, allemand ou français témoignent d'une extrême placidité, d'une neutralité helvète. Les films de Schäublin ressemblent à des exercices de style, quasi abstraits malgré leur contenu politique. Cette exigence lui ferme l'accès au grand public et peut séduire des cinéphiles attirés par des formes originales. Ou pas.
    Yves G.
    Yves G.

    1 488 abonnés 3 503 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 7 juin 2023
    "Désordres" a pour cadre une usine d’horlogerie de la vallée de Saint-Imier, dans le Jura bernois, dans les années 1870. On en découvre le directeur, les ingénieurs qui y chronomètrent le temps de travail des ouvrières pour en rationaliser les tâches. Le jeune Piotr Kropotkine, qui était géographe de formation, avant de devenir l’un des leaders du mouvement anarchiste, visite la région.

    "Désordres" est un film étonnant. Étonnant par son sujet : j’ignorais que le mouvement anarchiste avait trouvé dans les vallées suisses juste après la Commune un terreau si favorable. Étonnant par son traitement : "Désordres" a été tourné en lumière naturelle avec des acteurs non-professionnels. Son traitement du son est très particulier, avec à la fois des voix très proches, presque murmurantes et l’omniprésence d’un bruit de fond parasite. Son traitement de l’image l’est tout autant, avec des plans très rapprochés et des cadrages décentrés, comme des peintures flamandes dont le sujet principal se situe à la périphérie.
    Avec une grande ascèse, "Désordres" essaie de mettre en images une idée : la mesure du temps.

    Le résultat est déconcertant. On a envie de crier au génie devant autant d’originalités. Mais très vite l’ennui s’installe. La faute au jeu des acteurs décidément très mauvais : c’est une chose de choisir des non-professionnels, c’en est une autre de les diriger. La faute aussi à un scénario qui a force de refuser tout effet spectaculaire finit par s’enliser : on ne s’attache pas aux personnages auxquels le scénario refuse obstinément de donner le moindre relief et la moindre personnalité, on ne s’intéresse à aucune des histoires que, là encore, le scénario refuse de développer (le licenciement d’une ouvrière, une votation, l’ébauche d’une idylle). Dommage…
    grey_egg
    grey_egg

    18 abonnés 32 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 12 avril 2023
    Ce film est un chef d'oeuvre du RIEN : il ne se passe RIEN ! C'est assez extraordinaire d'arriver à montrer, pendant une heure trente, des ouvriers en train de fabriquer des montres, soit-disant pour expliquer la montée de l'anarchisme à la fin du XIXe siècle, rien de plus réglé qu'une montre, donc par anti-thèse l'anarchie serait évoquée en sous - texte ? De plus les cadrages sont les plus improbables qu'il m'ait été donné de voir depuis que j'ai abandonné les courts-métrages du GREC... C'est assez incroyable qu'un tel film arrive sur les écrans. Je pense que c'est une excellente leçon pour les scénaristes, montrer à quel point on n'a aucun élément auquel s'accrocher, pas de protagoniste, pas d'intrigue... C'est donc quelque part un chef d'oeuvre du non-film !
    abcdetc
    abcdetc

    4 abonnés 38 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 avril 2023
    Plus qu'un beau film, Cyril Schäublin nous offre un vrai moment de cinéma. Sans effets spéciaux, ni acrobaties de caméra, ni montage accéléré... ce qui déroutera certains spectateurs déçus du manque de ... spectacle.
    Mais, avec lenteur et minutie, comme les ouvriers horlogers qu'il filme, il nous donne à voir et à comprendre l'émergence de la conscience anarchiste, la force collective, l'espoir d'une alternative. Une bien belle leçon, par petites touches, sans didactisme, ce qui la rend plus facile à recevoir finalement.
    C'est un beau cadeau d'anniversaire pour les 50 ans de l'aventure des LIP, qu'on préfère oublier pour ne plus parler d'autogestion et encore moins d'anarchisme,
    J'ai été particulièrement ému par la scène où la jeune ouvrière décrit tout le processus de fabrication d'une montre. Quel travailleur aujourd'hui peut en faire autant, dans un monde du travail disloqué ?
    Sourire
    Ratafia
    Ratafia

    6 abonnés 68 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 12 avril 2023
    Très très spécial. De superbes plans impressionnistes. Des dialogues d'une mollesse soporifique qui sonnent faux comme dans une mauvaise pièce de théâtre. Un témoignage historique et artisanal digne d'intérêt. Mais le temps semble long à regarder ainsi les aiguilles des breloques.
    Kevin M.
    Kevin M.

    7 abonnés 2 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 avril 2023
    une proposition formelle comme on en voit peu, pleine d'intelligence, de sensibilité, d'attention (et aussi d'humour !) - ça fait plaisir de voir le travail de ses horlogers si bien filmé, avec tout l'attention qu'il mérite
    comme dans la première scène, on entend le vent de la révolte souffler : un film salutaire à notre époque !
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 089 abonnés 3 969 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 avril 2023
    Désordres est un événement cinématographique. Cyril Schäublin parvient à parler du monde ouvrier de manière assez inédite en utilisant le rapport au temps. C'est là que c'est fabuleux parce qu'on va s'intéresser à des ouvrières dans une usine de montres, dans une ville où une guerre temporelle est menée être les partisans de l'heure de l’Église, l'heure locale, l'heure du télégraphe, l'heure de l'usine, le tout baignant dans le léger bruit du tic tac des horloges. Et qui dit ouvrières à la fin du XIXe siècle, dit performances chronométrées et donc des stratagèmes pour gagner du temps, pour gagner quelques centimes de plus, pour pouvoir vivre un peu.
    L'omniprésence du temps est vraiment le point central du film, on ne compte pas les gros plans sur les montres, qu'on fabrique, qu'on démonte, dont on chronomètre la fabrication... Notons aussi ces plans sur la monnaie qui s'échange... Mettant le temps et l'argent sur un pied d'égalité au niveau de la mise en scène, pour illustrer la métaphore bien connue : le temps c'est de l'argent.

    L'autre élément important du film, c'est la photographie (une sorte d'avant garde des NFT pour les plus jeunes qui ne voient pas ce que c'est). Le film commence sur une scène où des femmes (les cousines de Kropotkine) prennent la pose. Et encore une fois c'est brillant comme idée, car la photo ce n'est pas instantané à l'époque, il faut poser pendant 20 secondes. Déjà une occasion de nous faire entendre le cliquetis de la mécanique des horloges. Mais surtout, la photo immortalise, elle sort du temps et j'ai envie de dire : comme le cinéma.
    Une des cousines raconte que Kropotkine était amoureux de quelqu'un de déjà mort dont il possède une photographie. Les ouvrières s'échangent des photos de meneurs anarchistes parfois eux aussi déjà morts. Et si dans le film la photo en tant qu'objet est vu comme une marchandise, elle est également montrée comme un outil émancipateur qui permet de sortir de la logique capitaliste de la rentabilité pour s'inscrire dans la durée, même après la mort. Surtout je dirais qu'il y a une égalité, une égalité entre l'anarchiste et le roi, dont les photos coutent le même prix (sauf si on se rend compte qu'il y a un intérêt tout particulier pour une photo, bien évidemment, il n'y a pas de petits profits).

    Tout ça pour dire que c'est bien évidemment un film qui va épouser les thèses anarchistes, qui va montrer l'absurdité de chronométrer un travail de précision tel que celui de monter une montre. On voit dans le mouvement ouvrier s'organiser petit à petit, organiser des caisses de grève pour l'international, travailler la solidarité entre tous les travailleurs, tout en refusant le cirque bourgeois du nationalisme et la vénération de celui-ci.
    Notons le chant magnifique des anarchistes à leur kermesse, seul moment musical du film.

    Et si le film fonctionne si bien c'est parce que Cyril Schäublin filme le travail, on voit vraiment les ouvrières assembler les montres. La mise en scène est un travail d'orfèvre puisqu'à chaque fois la composition est magnifiquement bien travaillée pour avoir plusieurs choses à regarder dans le plan, le contre-maître, les ouvrières au travail, la signalétique quasiment dystopique... J'adore ce plan où Kropotkine va émettre un télégramme, où on voit des dizaines de personnes faire la queue, avec le petit écriteau avec marqué qu'il faut être bref, car le temps est précieux. C'est absurde... et ça l'est d'autant plus que le film est lent. Tout est lent... On est vraiment en Suisse.

    D'ailleurs vu qu'on est en Suisse, le passage du français à l'allemand de manière naturelle dans les conversations, ça rajoute vraiment de l'authenticité.

    Notons aussi que Cyril Schäublin se fait un malin plaisir à montrer comment la bourgeoisie se défend face aux anarchistes, comment elle est sournoise derrière son verni démocratique.

    Puis forcément il y a une sortie de crise à cette logique temporelle, à cette logique de rentabilité et quelle sortie de crise ! Peut-être la plus belle qui soit : une femme qui explique dans les moindres détails son métier à un homme, l'homme qui sourit... et qui dit qu'il comprend... (menteur) et là l'horloge s'arrête... L'amour ne répond pas encore à la logique capitaliste.

    Chef d’œuvre.
    Petitgraindesable
    Petitgraindesable

    21 abonnés 71 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 avril 2023
    Ce film est un ovni. L’histoire est ancrée dans le passé, mais d’une actualité éternelle. Avez-vous déjà vu un film politique d'une grande douceur comme celui-ci ? Moi non. Il s’agit de temps, de mouvement, et de politique. Le contexte de l’horlogerie est d'une pertinence géniale, et nous découvrons en même temps une pratique manufacturière peu connue. Pas d’idéologie dans ce mouvement discret d’émancipation. C’est aussi et surtout un exercice de style – c’est là sa grande originalité - mais qui ne prend jamais le dessus sur l’intention. Ce film mérite d’être vu plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités. J’y retournerai peut-être…
    Nelly Marie Agnes
    Nelly Marie Agnes

    1 critique Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 24 avril 2023
    Film ennuyeux. Acteurs mauvais. J'ai bien dormi. Dommage, j'attendais autre chose d'un film sur l'anarchisme.
    Ciné-13
    Ciné-13

    122 abonnés 1 079 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 28 septembre 2023
    Fin XIXème, mise en place à la fois du capitalisme industriel et des mouvements anarchistes internationaux.
    Le temps pourrait paraître long, mais quel temps : celui de l'usine, de la ville, de l'église. Attention aux horaires de trains!
    La placidité suisse cadence lentement toutes les interventions : annonces politiques, votes à main levée, comptabilité minutieuse ridicule du temps passé des ouvriers, contrôle qualité avec minutage régulé par les policiers municipaux. Mais attention les femmes sont interdites de vote ainsi que les non payeurs d'impôt!
    La photographie est magnifique mais les cadrages sont déroutants avec des conversations hors champ, et des prises de vue décalées à plan fixe. On découvre que les anarchistes proposaient une géographie très différente des frontières et que les ouvriers devaient choisir par vote. Mais les anarchistes finiront par être licenciés par les règlements municipaux.
    Slogans des anarchistes : "La propriété c'est le vol" ou "L'ouvrier n'a pas de patrie"...
    Un intéressant OVNI cinématographique!
    Eleni
    Eleni

    14 abonnés 64 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 avril 2023
    Film très original sur une période charnière de notre histoire. Le capitalisme industriel démarre tout en douceur, l'idéologie révolutionnaire se cherche. Les prémisses des temps modernes. On sait depuis qui a gagné...
    Pour replonger dans ce temps si particulier, le réalisateur a choisi un traitement d'une rare subtilité. Tout est en symbolique, avec des décalages entre image et propos, un travail étonnant sur les cadrages. Le tout est d'une beauté époustouflante, notamment autour de la mécanique de précision qu'est l'horlogerie... ou bien le pouvoir industriel... ou le pouvoir du temps contrôlé... ?
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 382 abonnés 4 189 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 2 octobre 2023
    Bien qu'un peu lent, "Désordres" a le mérite de nous faire découvrir avec précision, les incroyables métiers autour de l'horlogerie en Suisse au XIXème siècle. A l'aube d'une course contre la montre face aux avancées technologiques, la pression sociale augmente entre la réorganisation du travail par les dirigeants pour rester compétitifs et les mouvements sociaux par les groupes d'anarchistes. Un film autant captivant que pompeux.
    Hotinhere
    Hotinhere

    566 abonnés 4 983 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 20 janvier 2024
    Plongée dans une usine suisse de l’horlogerie au XIXe siècle où la course à la productivité fait face aux mouvements anarchistes. Ça aurait pu être intéressant mais c’est d’un ennui mortel.
    VOSTTL
    VOSTTL

    99 abonnés 1 948 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 11 juillet 2024
    Tic tac, tic tac, je ne connaissais rien du sujet.
    Tic tac, tic tac, je m’attendais à autre chose quand j’appris qu’il y avait différents horaires dans cette petite ville suisse du XIXème siècle : un horaire pour la fabrique, un horaire pour la gare, un horaire pour la municipalité…
    Tic tac, tic tac, je m’étais dit que tous ces gens allaient établir un horaire unique.
    Tic tac, tic tac, le balancier des montres m’a ensuqué.
    Tic tac, tic tac, « Désordres » est à éviter après une journée physiquement harassante.
    Tic tac, tic tac, je ne renouvellerai pas l’expérience de le revoir à tête reposée… euh, après une journée paisible.
    Tic tac, tic tac, cependant je reconnais au film de Cyril Schäublin une certaine audace dans ses plans, dans sa mise en scène.
    On y voit des gens discuter à voix feutrée et polie à l’extérieur ; silhouettes insignifiantes à l’extrémité de l’écran faisant place à une nature écrasante. Comme si la caméra se voulait espionne. La plupart des plans rapprochés sont consacrés aux mécanismes des montres ou horloges. Une bonne idée.
    Et tout ce support artistique sert de prétexte pour une idéologie politique qui germe dans l’esprit de quelques ouvrières : l’anarchie.

    En conclusion, je ne suis pas client de ce genre de cinéma, toutefois, je m’interdis d’être sévère dans la mesure où j’ai dû lutter pour combattre un sommeil consécutif à une journée physiquement éprouvante. Je manque de lucidité critique. Je n’étais pas dans les meilleures conditions pour suivre ce « Désordres », à la démarche artistique audacieuse et un tantinet hermétique, je le reconnais.
    Adelme d'Otrante
    Adelme d'Otrante

    178 abonnés 1 155 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 26 décembre 2023
    Unrueh se déroule dans le Jura Bernois qui déjà au XIXe est l'un des centres mondiaux de l'industrie de précision et donc bien sur de l'un des fleurons de l'économie suisse : les manufactures de montres. Il a aussi la particularité d'être francophone alors que la capitale helvétique est germanophone, d'où l'accent particulier des acteurs s'exprimant ici en français qui peut donner l'impression d'un jeu approximatif. Et chose inattendue la région de Saint-Imier où se passe le film a été l'un des bastions de l'internationale anarchiste. En résulte un film au sound design remarquable mais assez étrange , à la fois totalement empesé mais aussi parfaitement hypnotique, en tout cas l'œuvre d'un véritable cinéaste, sans aucun doute.
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