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traversay1
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4,0
Publiée le 15 avril 2022
Varsovie, 1983. Le fils d’une militante proche de Solidarnosc est battu à mort par la police. Le chemin jusqu'au procès sera long et émaillé de tout l'attirail cynique du régime de Jaruzelski : faux témoignages, pression et menaces diverses, recherche de coupables imaginaires, etc. C'est bien entendu d'une histoire réelle que s'inspire Jan P. Matuszynski dans Ne pas laisser de traces (de marques, aurait été plus juste), un film puissant et incroyablement dense qui ne laisse rien de côté concernant les manipulations des autorités, d'une part, et le calvaire vécu par la mère de la victime et par le témoin principal, un garçon de 24 ans, d'autre part. Une véritable immersion dans la Pologne des années 80, conduite à la manière des meilleurs thrillers américains des années 70, signés Lumet ou Pakula, par exemple. Mais il n'y a pas que le suspense, permanent, ni que l'atmosphère, poisseuse à souhait : Ne pas laisser de traces est un grand film politique qui montre comment un régime dictatorial, qui contrôle la vie des citoyens, fait exploser les familles les plus soudées, à coup de chantages et de révélations plus ou moins fabriquées. Le film, exempt de longueurs malgré sa durée de 2h40, réussit le prodige de rester toujours clair malgré la complexité des différentes intrigues et le nombre imposant de personnages. Celui qui touche le plus, d'ailleurs, n'est pas toujours central, bien qu'il s'agisse de la mère de la victime, poétesse de son état et opposante déclarée. L'actrice qui la personnifie, tout en douce subtilité, incarne à la perfection ces incorruptibles que l'on aime voir au cinéma, face à des éléments presque tous contraires. Et il faudra trembler jusqu'à la fin pour cette amoureuse de la liberté et de la vérité, et savoir si, oui ou non, elle pourra résister à la tempête et obtenir enfin justice pour le meurtre de son fils.
Voici un film qu'il faut voir de bout en bout en se retenant d'avoir la nausée ou de crier. Il faudrait surtout le montrer à tous ceux qui, en 2020 et en 2021, ont crié à la dictature quand le gouvernement nous a imposé les deux confinements liés à la pandémie de corona-virus. Ils auraient ainsi l'occasion d'apprendre le sens du mot "dictature" en en voyant fonctionner une dans toute l'acception du terme et dans la perfection de ses rouages manipulateurs. Cela dit, ils diront sans doute : "Oui, mais tout ça, c'est vieux, c'est ringard, c'est ringard, et ça ne nous concerne pas." Beaucoup ajouteront : "On n'était même pas né...!". Peut-être, jusqu'au jour où....
Gros coup de cœur de cette semaine cinéphile, "VARSOVIE 1983, une affaire d'état", un bon compromis entre le cinéma d’ Agnieszka Holland et une bonne mini-série en 3 épisodes (le film dure 2h40 mais on espère qu’il dure plus longtemps tant on est accroché par l’action). Certains iront peut être voir une comédie française pour se changer les idées . Parfois un film aussi dur que VARSOVIE 83 a le pouvoir de vous rendre tout simplement heureux de ne pas vivre en dictature et d'être libre tout simplement. Et au fait de quoi ça parle ? Varsovie 1983. Le fils d’une militante proche de Solidarnosc est battu à mort par la police. Mensonges menaces : le régime totalitaire du Général Jaruzelski va tenter par tous les moyens d’empêcher la tenue d’un procès équitable. La liste des choses qui nous ont séduites est longue mais en s’organisant un peu cela donnerait : - Superbe reconstitution du Varsovie d’avant la chute de J Wojciech Jaruzelski - Interprétation magistrale de l’ensemble du casting - Auscultation en profondeur du processus de manipulation et de discréditation des polices politiques ( russes et autres mais bon on pense fort à Poutine quand on assiste à la mise en scène déroulée dans le film). Vous l’avez compris, nous avons beaucoup de film. Allez-y tant que le film est en salle
« Varsovie 83, une affaire d’état » présenté à la Mostra de Venise en 2021 et sorti en France en 2022, est l’œuvre du réalisateur polonais Jan P. Matuszynski tirée d’un livre-enquête paru en 2016. Nous sommes en mai 1983 à Varsovie dans la Pologne tenue par la main de fer du général Jaruzelski. Le jour des résultats du baccalauréat, un adolescent Grzegorz et son copain Jurek Popiel (Tomasz Ziętek) sont arrêtés sur la voie publique par la Milice Citoyenne pour une raison futile. Mais Grzegorz refusant de présenter ses papiers, tous les 2 sont emmenés au poste de police et Grzegorz y sera battu à mort - « dans le ventre pour ne pas laisser de traces » -. Sa mère Barbara Sadowska (Sandra Korzeniak) étant une poétesse proche de la puissante église catholique et sympathisante du mouvement Solidarność créé en 1980 par Lech Wałęsa, les obsèques de son fils seront suivies en grand silence par près de 60 000 personnes. Mais il y a des fuites en Europe via la BBC … et surtout un témoin de cette agression : Popiel. De fait cette « bavure policière » devient une affaire politique remontant jusqu’au général Jaruzelski. Un « coordinateur » d’une cellule d’action sera nommé pour « saboter » l’enquête ouverte par la mère de Grzegorz et toutes les bassesses possibles dans un régime fort seront utilisées pour que le procès soit aux yeux de l’Occident « équitable » ! Un film très puissant dont les 2 h 40 passent sans problème. Un film inquiétant… mais on se doute de ce qu’un Etat peut faire même dans une démocratie !
Si le cinéma Polonais fût un des meilleurs du continent européen dans les années 70 jusqu'au années 80 avec les chefs d'œuvre de Wajda, de Zanussi et ceux de Kieslowski notamment, la patrie de Walesa ne fait depuis, plus beaucoup parler d'elle au plan cinématographique.
C'est pourquoi lorsque j'ai appris la sortie de "varsovie 83" favorablement soutenu par la critique professionnelle, je me suis rendu en salle avec gourmandise, toutefois un peu rebuté par sa longueur.
Film en effet très intéressant en ce qu'il décrit avec précision les rouages du système totalitaire ( ici celui de la Pologne du General Jaruselwski, avant que son régime ne s'écroule sous les coups de buttoir du syndicat Solydarnosk).
Ce n'est certes pas la première incursion du cinéma sur le totalitarisme, loin de là. Costa Gravas, Wajda, Mikalkov, Konchalovski, Guerman, Henckel, Zviaguintsev, pour ne citer que ceux dont le souvenir me vient immédiatement à l'esprit, se sont eux aussi attelés à la tâche avec beaucoup de talent.
Jan Matuszynski, jeune cinéaste, avec son dernier opus, traite le sujet à partir d'un faits divers passé aux oubliettes de l'histoire, de la mort d'un jeune lycéen fils d'une militante éminente de Solidarnosk, victime d'un violent tabassage dans un bureau de la milice populaire qui se terminera par son décès à l'hôpital.
Par petites touches, le réalisateur nous propose avec talent et détails le mode de fonctionnement d'un régime totalitaire, du sommet à la base de la société et l'impossibilité pour un individu isolé de faire-valoir ses droits face à ce Leviathan.
Au plan formel le film est une réussite même si on peut lui opposer quelques réserves bienveillantes.
Le meilleur tout d'abord. Le casting est vraiment formidable et il faut tirer son chapeau devant le soin apporté à l'écriture de tous les rôles.
De même, le film ne connaît pas de rupture de rythme, certes une fois l'action lancée, car la première demi-heure laisse craindre le contraire ( c'est d'ailleurs la partie la moins accomplie, hypothéquée par le choix contestable de filmer presque entièrement caméra à l'épaule)
Par contre, les scènes montrant à l'écran les représentants du régime sont vraiment tres réussies et sans doute les plus fortes de tout le film.
Par contre, j'ai regretté la bande son ( signée Ibrahim Maalouf et imposée par le producteur) qui franchement nuit à l'ensemble. Une faute de goût, selon moi en ce qu'elle n'est adaptée ni au film ( on n'est pas dans Amytiville) , ni simplement réussie.
Enfin, même si j'ai apprécié "varsovie 83", que je recommande, il ne me semble pas être un modèle du genre. J'en veux pour preuve le travail accompli par les réalisateurs précités qui ont tous proposé des opus plus accomplis sur le sujet.
Sans aller chercher très loin dans le temps, Andrei Konchalovski signait avec "chers camarades " sorti en 2021, un film qui surclasse le très honorable "Varsovie 83".
Seul témoin du passage à tabac par des policiers ayant entraîné la mort de son ami Grzegorz Przemyk, Jurek Popiel (nom modifié pour le film) devient l'ennemi n°1 de l'état. Avec son entourage et la mère de la victime, ils entament un bras de fer contre les autorités pour que les coupables de cet acte soient punis. Un combat déséquilibré au cours duquel chacun se bat avec ses propres armes. Les autorités font valoir leur pouvoir notamment au niveau de la presse pour essayer de se mettre l'opinion publique dans la poche. Ils n'hésitent pas non plus à intimider ceux qui pourraient se mettre en travers leur chemin ou encore faire pression auprès de certaines personnes pour changer la vérité. Après la période de la loi martiale et les nombreux civils qui ont été tués sans que les policiers soient inquiétés, les proches de Grzegorz n'avaient pas beaucoup d'espoir, mais ça ne les a pas empêchés de se battre. J'ai bien adhéré au film pendant 1/1H30 avant de décrocher complètement. Ce n'était pas nécessaire d'entrer autant dans les détails pour comprendre que les flics et le système en question sont des pourris prêts à tout pour sauver leur peau surtout quand c'est pour ne même pas expliquer le contexte historique qui est important dans cette histoire. Il s'agit d'un fait divers triste, une bavure d'état qui fait tache en Pologne, mais c'est quand même une histoire très facile à cerner. J'abuse peut-être un peu, mais il y a une heure de trop dans ce film. Bref, c'est trop long et ennuyeux.
Le film est basé sur le livre-enquête Żeby nie było śladów. Sprawa Grzegorza Przemyka du journaliste Cezary Łazarewicz paru en 2016 le film a obtenu divers prix dans les festivals de Arras Film Festival 2021 : Prix du public et Prix de la critique et de Festival international du film d'histoire de Pessac 2021 : Prix Danielle Le Roy du jury Étudiant, et Prix du public un film pour l histoire
Ce film est bien réalisé sur une affaire et un procès lors du régime de JARUZELSKI en 1983. L‘histoire de cette affaire impliquant la milice policière polonaise est très bien retranscrite à l’écran. Le réalisateur nous explique très bien les méthodes utilisées par le pouvoir politique et policier de cette époque pour disculper les véritables coupables qui sont toujours impunis à ce jour. Le sujet traité est intéressant sur le plan historique mais la longueur du film m’a parue excessive.
« L’Humanité » a noté 5 étoiles, « Le Figaro » 4 étoiles. Le programme n’est donc pas trop clivant. Le spectateur sera nécessairement et spontanément du côté de Solidarnosc et du combat civil contre le régime non seulement communiste du moment mais aussi à la sauce état d’urgence. La réalité de l’époque en Pologne c’est que le Parti Communiste a perdu la main. 1983, Solidarnosc est déjà légalisé depuis trois ans. L’allié et mentor Soviétique est en pleine Perestroïka. Le régime contesté polonais ne tient donc que sur lui-même, par lui-même. Et entrent ainsi en scène, des gens qui sont dans le système, qui vivent par le système, qui n’ont aucun intérêt à ce qu’il change et qui, pour que leur place ne soit pas menacée, sont donc prêts à toutes les manœuvres ou vilenies (faux témoignage, affabulation, manipulations, complicités d'appareil). Il s’agit en effet de camoufler ce qu’on peut qualifier de bavure policière (la « Milice citoyenne » dans le contexte). Il y aura finalement des obstacles à cette recherche d’impunité. Pas seulement les forces militantes de Solidarnosc, l’embryon d’opinion publique, mais aussi au sein même des rouages de l’Etat dans lequel il y a des règles, une Constitution... C’est finalement la mise en scène de ces différents acteurs de la joute policière et juridique qui est la plus intéressante à suivre et à analyser. C’est toutefois un peu trop long et, à la façon d’un « Z » de Costa-Gravas (1969), ça aurait sans doute pu être traité sous un angle davantage militant et vulgarisateur du système avec un rythme beaucoup plus rapide. Est-ce spoiler de révéler que c’est le système qui aura cette fois encore gagné ?
Le 12 mai 1983, le jeune Grzegorz Przemyk, le fils d’une opposante politique au régime communiste polonais, célèbre joyeusement sa réussite à la première partie des épreuves du baccalauréat avec son camarade Cezary Filozof (renommé dans le film Jurek Popiel) dans les rues de Varsovie. Deux policiers les interpellent, les conduisent au poste et les rossent. Przemyk est conduit à l’hôpital et y mourra deux jours plus tard des suites de ses blessures. S’ensuit une enquête sur les causes du décès que l’appareil d’État souhaite rapidement étouffer. Le témoignage de Jurek Popiel s’annonce central car il est le seul témoin des violences policières survenues au commissariat.
"Varsovie 83" revient sur un épisode méconnu de l’histoire polonaise, coincé entre les grèves des chantiers navals de Gdańsk, l’état de siège proclamé en décembre 1981 et l’assassinat de Jerzy Popiełuszko en octobre 1984. Sous la caméra de Jan P. Matuszyński renaissent les paysages désespérants des pays de l’Est des années 80 – tels qu’on les voyait dans l’excellente série "Deutschland 83".
L’affaire Przemyk est l’occasion de mettre à nu l’appareil d’État communiste et ses mensonges – au risque parfois de verser dans la caricature, par exemple avec les personnages outranciers du général Kiszczak et de la procureure Bardon. Tous les moyens lui sont bons pour mener l’enquête à décharge et innocenter les policiers responsables de la mort du jeune lycéen : dessaisir le premier procureur qui avait été chargé de l’affaire et dont les conclusions n’étaient pas favorables à la police, incriminer les ambulanciers qui dans la version officielle auraient roué de coups la victime pendant son transfert, encourager Popiel à revenir sur son témoignage en le menaçant de représailles et en pesant sur sa famille. Est particulièrement abject le personnage du père de Popiel qui, par un mélange d’idéologie et de peur, est encouragé à moucharder son propre fils.
"Varsovie 83" est construit comme un thriller haletant qui ne relâche jamais la pression. Sa densité aurait peut-être mieux convenu à une mini-série de trois ou quatre épisodes qu’à un film trop long de 2h39. Mais aussi exigeante que soit l’expérience de ce long spectacle, il n’en demeure pas moins une grande réussite.
Un chef-d’œuvre de reconstitution judiciaire, de cinéma politique et de film d'espionnage, quelque part entre Wajda, Rosi et Kafka. 2h40 d'efficacité narrative et de réalisation maîtrisée. Un must !
Une reconstitution sobre et crédible, mais très froide et bien trop longue. L'émotion reste au vestiaire malgré un énorme potentiel dramatique. Une déception.