Une petite pépite que ce film indépendant, d’une liberté de ton rare dans le cinéma contemporain. Il aurait vraiment mérité une sortie en salle. Il rappelle par certains côtés la liberté de pensée des années 70’s, et aborde le sujet délicat de l’adolescence d’une jeune fille de 15 ans qui découvre sa féminité puis désire développer sa sexualité, sous une angle personnel , original, et très libertaire . On est loin des discours du politiquement correct contemporain sur le consentement et la passivité des jeunes filles. Ici au contraire l’héroïne est pro-active, volontaire et veut contrôler sa destinée et vivre sa sexualité naissante, selon ses envies. Pour atteindre son but elle manipule certains hommes autour d’elle ; des copains, jeunes de son âge ou des hommes plus mûrs. Mais en essayant à chaque fois de garder la main sur son destin, tout en privilégiant son plaisir et la réalité de l’orgasme féminin qu’elle découvre. Il y a des scènes vraiment superbes et rares au cinéma, comme le prologue avec une l’héroïne plus jeune, jouée par une autre actrice, qui a ses premières règles, c’est la première fois que cela est montré au cinéma, avec autant de pudeur, de délicatesse mais aussi de manière réaliste .Sa découverte du plaisir seule dans sa salle de bain est aussi une grand réussite , parfaitement filmé, très cru , très juste aussi. Tout le cheminent de la jeune fille, qui se cherche , sa montée à « la ville » Grenoble , le drame qui affleure et le final sont de toute beauté. On est ému, c’est juste, c’est une liberté de ton exceptionnel , qui nous bouscule. Bien sûr la jeune actrice Lousiane Gouverneur est formidable , toute en délicatesse, en fragilité mais sans complexe. Il y a aussi l’acteur principal Vincent Déniard , gros nounours , un peu pataud, voisin confident, qui deviendra un peu plus, il joue parfaitement bien et c’est un tel contraste avec la fragilité de Lousiane ( qui rappelle d’ailleurs l’excellente actrice israélienne de Unorthodox : Shira Haas ). Une belle réalisation aussi, de Rodolphe Tissot, avec par exemple cette jolie scène naturaliste de baignade collective et festive au Lac d’Annecy, accompagnée par une très bonne chanson d’ Odezenne, un bijou, à revoir. Bien sûr le film est inspiré du roman de Marie Darrieussec , que je connaissais pas , mais que je vais m’empresser de lire .