Canailles s'inspire du roman Une canaille et demie écrit par le Britannique Iain Levison et publié pour la première fois en 2006. Christophe Offenstein l'a découvert grâce à François Cluzet, comme il s'en rappelle :
"Après En solitaire, nous avions envisagé de travailler à nouveau ensemble. Nous avons tous les deux eu un coup de cœur pour Une Canaille et demie, qui nous semblait la bonne histoire pour une adaptation au cinéma. Il y avait tous les ingrédients d’une histoire que j’avais envie de raconter : le dysfonctionnement de la société, la singularité des personnages et la satire du quotidien."
Christophe Offenstein et les scénaristes Narjiss Slaoui et Gabor Rassov ont eu du mal à trouver le bon angle d’attaque puisque, dans le livre, l'histoire se déroule aux Etats-Unis (où les codes culturels sont très différents des nôtres). Le réalisateur se rappelle :
"L’intérêt du roman résidait surtout dans sa dimension psychologique et nous nous devions de transposer l’angoisse intrinsèque des personnages afin de créer des situations ubuesques, parfois tendres, parfois tendues, parfois drôles."
"Le travail d’écriture pour adapter ce roman a été de longue haleine, et après trois années de travail avec l’aide de Narjiss Slaoui et de Jonathan Koulavsky, le scénario était finalisé."
Dans le film, trois personnages rattachés à trois univers différents sont amenés à se croiser, alors que rien ne les y destinait. "Chacun des personnages est une représentation singulière de notre société. Le trio formé par nos trois personnages nous pousse à nous questionner sur notre rapport à l’altérité, à la communication et à l’ambivalence de nos sentiments", précise Christophe Offenstein.
Les trois personnages principaux sont, à des degrés divers, dans l’immoralité... Christophe Offenstein tenait absolument à éviter les bons sentiments. Le réalisateur confie : "Au contraire, je m’applique à être moi-même dans l’immoralité ! (rires) Même quand il risque d’y avoir un soupçon de morale, je m’emploie à le gommer.. L’intérêt, justement, était de profiter d’un moment d’égarement dans la vie des personnages pour proposer une comédie sarcastique."
Du baseball aux cheerleaders, Christophe Offenstein a choisi de multiplier les références aux codes américains. Il voulait conserver ces clins d’œil à la culture américaine pour décaler un peu le film, d’autant que ce ne sont pas des situations habituelles dans le cinéma français.
"La présence des cheerleaders était aussi une façon de représenter l’évolution de nos nouvelles générations, dont les différences géographiques et culturelles s’estompent de plus en plus, notamment avec les réseaux sociaux...", note le metteur en scène.
Christophe Offenstein a volontairement inscrit l’histoire de Canailles dans un espace indéterminé. Il explique : "Il peut aussi bien se passer dans la banlieue d’une grande ville que dans une ville moyenne de province, voire hors de France."
"Cela rejoint aussi ma volonté d’immiscer le spectateur dans des histoires individuelles, presque comme l’assouvissement d’un plaisir coupable qui est celui de la curiosité. On pénètre ici dans l’intimité de cette maison parmi les autres, à un endroit où les vies se croisent en apparence, sans jamais vraiment se révéler."
François Cluzet et José Garcia avaient déjà joué ensemble dans Quatre étoiles (2006) et Nous finirons ensemble (2019).
Christophe Offenstein a fait appel au compositeur Christophe Julien, qui a conçu les musiques de certaines réalisations d'Albert Dupontel. "J’ai été conquis par l’habileté avec laquelle il parvenait à insuffler humour et légèreté, au service de l’irrévérence, de l’histoire et des personnages", raconte-t-il.
Christophe Offenstein, accompagné du chef décorateur Olivier Radot et du directeur de la photographie Martin De Chabaneix, ont principalement travaillé sur la maison du personnage d’Elias, décor principal du film. Ils ont cherché à rendre la lumière intemporelle et géographiquement imprécise :
"Cette approche nous a permis d’accentuer la dimension humoristique. Je voulais que le film emprunte certains codes au polar, mais sans que la torpeur soit omniprésente. Au contraire, je voulais des moments de vie quotidienne pour éviter tout excès de suspense inutile."
"Mais l’essentiel était que le naturel et la vie s’insinuent partout afin qu’on ne se pose pas de question et qu’on ne sache jamais où le film nous emmène."