Gabriele Muccino n'est pas un débutant, loin de là, mais il a encore de très gros progrès à faire pour arriver au niveau d'Ettore Scola, qui semble être son modèle. Certes, ce n'est pas chose facile de raconter l'histoire de l'Italie sur 40 années depuis 1982 par le truchement de l'histoire d'un quatuor constitué d'une femme et de trois hommes, mais de là à complètement bousiller les 45 premières minutes du film, non, 100 fois non. Ça crie, ça hurle, ça s'agite, ça se dispute, c'est épouvantable et on ne ressent aucune émotion. D'ailleurs, le réalisateur a dû être conscient de ce manque d'émotion car il a fait ce qu'on ne fait jamais lorsque l'émotion est présente par l'intrigue et le jeu des interprètes : il a rajouté de la musique à gogo ! Et puis, au bout de 45 minutes, arrive la première scène dans laquelle perce de l'émotion. A partir de là, la réalisation se calme, les personnages deviennent plus consistants, et, comme par hasard, il y a moins de musique d'accompagnement même si on doit continuer à subir, à intervalles réguliers, des chansons de variété italienne d'une qualité aussi médiocre, voire pire, que la variété française. Et, plus le film avance, plus, sans pour autant toucher à la notion de chef d'œuvre, il arrive à trouver grâce à nos yeux. On peut quand même estimer que, avec la distribution proposée, Muccino aurait pu réaliser un film qui soit de bonne facture du début jusqu'à la fin : Pierfrancesco Favino, le génial interprète de "Le traître", dans le rôle d'un avocat qui abandonne son rôle d'avocat nommé d'office défendant les petites gens quand on lui propose un pont d'or pour travailler à la défense d'un clone de Berlusconi ; Micaela Ramazzotti dans le rôle d'une jeune femme qui se cherche, Kim Rossi Stuart interprétant un amoureux transi, prof de latin, grec et littérature italienne et Claudo Santamaria dans le rôle d'un journaliste presque toujours au chômage.